Que ce soit à l’occasion de notre entrée ou de notre sortie de scène, nos proches sont souvent aux premières loges. Ce sont eux qui sont bouleversés, ébranlés, transformés par la déferlante d’émotions qui marque le début ou la fin d’une vie.
Que ce soit l’éloignement géographique, nos horaires atypiques, l’isolement ou tout simplement le souhait d’une oreille attentive et compréhensive, toutes les raisons sont valables pour souhaiter plus d’accompagnement à travers ces étapes. Pour démystifier ces services, j’ai rencontré Eve Dandurand qui est accompagnante à la naissance et Léa Brousseault qui se forme actuellement dans l’accompagnement au deuil.
Parlons accompagnement à la naissance avec Eve Dandurand
Qu’est-ce que c’est l’accompagnement à la naissance?
Eve : C’est prendre le couple là où il est et l’amener vers où il souhaite aller durant la période périnatale (grossesse, accouchement et post-partum) en lui offrant des outils, des informations, en alimentant ses réflexions et discussions entourant la naissance. C’est être quelqu’un qui est là pour aider et soutenir.
Concrètement, de quoi jasez vous?
Eve : De toute sorte de choses! Des enjeux qu’ils et elles vivent pendant la grossesse, de comment se préparer à l’accouchement, des premiers moments avec leur bébé, d’allaitement. J’ai tellement appris de connaissances techniques, mais je ne suis pas là pour faire un cours – j’en transmets une partie, selon ce que le couple veut savoir. Je réponds à des questions, j’alimente les discussions. C’est aussi apprendre à connaitre les gens dans cette intimité-là pour bien les soutenir.
Comme accompagnante à la naissance, es-tu là lors de l’accouchement?
Eve : La présence à l’accouchement est quand même une partie importante de l’accompagnement, de tout ce processus, si le couple le souhaite. Généralement lors de la première rencontre, on discute de présence ou non à l’accouchement. Donc ça dépend de chaque personne, si le suivi est à la maison de naissance ou à l’hôpital, des expériences précédentes, d’aisance à partager son intimité. Dans tous les cas, lorsqu’on participe à un accouchement, il faut savoir quand être présente et active et quand s’effacer pour que le couple vive pleinement son expérience ensemble.
Tu as vécu récemment ton premier accompagnement, comment as-tu vécu ça ?
Eve : J’ai trouvé ça vraiment intéressant de passer de la théorie à la pratique. J’ai tellement appris de choses, mais dans les livres et devant de vraies personnes, ce n’est pas la même affaire. J’ai surtout aimé apprendre à connaître deux personnes dans ce moment unique de leur vie, de tisser un lien spécial avec eux.
Parlons accompagnement au deuil avec Léa Brousseault.
Bonjour Léa! Tu pratiquais déjà comme intervenante en relation d’aide avant de t’intéresser à l’accompagnement au deuil?
Léa : Je suis thérapeute en relation d’aideMD formée par le Centre de relation d’aide de Montréal (CRAM). Depuis ma formation j’accompagne des gens qui rencontrent des difficultés dans leur vie, dans leurs relations ou qui souhaitent faire un travail sur eux-mêmes pour récupérer davantage de pouvoir sur leur vie.
Et maintenant tu souhaiterais offrir plus spécifiquement de l’accompagnement au deuil?
Léa : Cette année j’ai ressenti un appel à toucher plus spécifiquement le deuil. Je suis présentement une formation plus spécifique à l’accompagnement du deuil. C’est un sujet qui me touche particulièrement et m’amène à explorer mes propres deuils. J’ai rencontré sur mon parcours des clients endeuillés et je souhaitais me former davantage dans ce qu’est le deuil afin de mieux comprendre et saisir le processus et développer plus d’outils pour mieux accompagner.
Qu’est-ce exactement que l’accompagnement au deuil?
Léa : Vivre un deuil c’est souffrant, c’est un processus. C’est lié à la perte et à la mort. L’accompagnement du deuil est une ressource offerte aux personnes qui traversent un deuil par le décès d’un être cher, un deuil périnatal, un deuil animalier. Mais c’est aussi le deuil présent lors d’une séparation, d’une perte d’emploi, d’un déménagement, etc. L’accompagnement du deuil c’est accueillir la personne avec bienveillance et sensibilité là où elle est dans son processus et lui permettre un espace pour déposer le vécu présent. Accompagner un endeuillé c’est lui offrir un espace ouvert d’écoute, d’entendre ce qu’il traverse et la souffrance présente. Ça me touche de nommer ça, c’est précieux. Quand on vit une grande douleur liée à un deuil, cela peut parfois s’accompagner d’un grand isolement. L’accompagnement c’est une ressource d’aide pour que la traversée ne se fasse pas seul. Ça peut être en individuel mais aussi en collectif via des groupes de soutien. En osant venir chercher de l’aide, le thérapeute ou l’intervenant offre une présence sensible à l’endeuillé à travers la relation d’aide, pour lui permettre de trouver du réconfort et aussi des outils selon le besoin pour continuer le chemin vers la vie en fait !
Quel est le bon moment pour faire appel à de l’aide?
Léa : Je pense que l’important est de suivre son rythme. Il n’y a pas de mauvais moment. J’encourage toute personne qui en sent le besoin à consulter. Si ça ne va pas émotionnellement, moralement, mentalement ou que le deuil occupe une place importante/envahissante dans votre vie, que ça dérègle le fonctionnement habituel de votre vie ou si vous avez des idées noires, il y a de l’aide et je vous encourage à prendre soin de vous en allant la chercher.
À qui peut-on faire appel pour recevoir du soutien quand on vit douloureusement un deuil?
Léa : Je sais qu’il existe plusieurs ressources pour les endeuillés dans la région, : Deuil 02, les intervenants du CIUSSS, l’ATTRAD (association professionnelle des thérapeutes en relation d’aide spécialisée en accompagnement du deuil), des organismes communautaires comme Palli-aide ou le Centre Le Phare et le centre de prévention du suicide.
Autrefois, ces grands moments que sont la naissance et la mort étaient soulignés par des rituels qui suspendaient le temps. Ces moments d’arrêt communautaire permettaient de célébrer collectivement la vie, d’être accompagnés pour souligner une naissance ou vivre un deuil. On peut penser aux relevailles offertes par une mère, grand-mère ou une tante de l’accouchée qui venait offrir son soutien auprès de la maisonnée et du nourrisson. Ou encore à la veillée funèbre lors de laquelle les proches se rassemblaient autour du corps du défunt toute une nuit. En accompagnant les proches témoins de la vie ou de la mort d’un être cher, les doulas et les thérapeutes viennent recréer un espace où l’on peut, ensemble, plus facilement apprivoiser toute la palette des émotions vécues afin d’accueillir ou de laisser partir ceux et celles qu’on aime.