En 2016, François Thibeault, qui a grandi sur le Chemin du Moulin à Saint-Félix-d’Otis, quitte le domaine industriel, vend ses parts de l’entreprise dans lequel il œuvrait depuis presque 20 ans et opère un changement radical de carrière pour se lancer dans la culture de l’ail. « L’été dernier, j’ai commencé à faire des recherches, je voulais partir un projet agricole avec un produit qui se rentabilise tout de même assez rapidement, c’est pourquoi j’ai choisi de cultiver de l’ail et d’en transformer une partie en ail noir », m’explique l’instigateur de cette nouvelle entreprise.
L’ail noir, un produit culinaire originaire de l’Asie, (les japonais et les coréens s’en disputent la paternité) sera maintenant cultivé, transformé et disponible dans la région du Bas-Saguenay.

Il s’agit ici de gousses d’ail que l’on met dans une étuve, à plus de 65 degrés Celsius avec un degré d’humidité élevé et contrôlé pendant un mois et demi. La combinaison chimique qui se produit alors s’appelle la réaction de Maillard : les enzymes mangent les sucres et les gousses se transforment en ail noir.
Le procédé de cuisson transforme le goût pour arriver à un éventail de saveurs qui se dévoilent au fur et à mesure de la dégustation. « Avec un goût plus raffiné, sucré, balsamique, la saveur de l’ail arrive en dernier, plus douce. C’est une denrée très recherchée par les chefs cuisiniers et ce produit connait déjà un immense succès en France », poursuit le jeune agriculteur qui a plus de 20 points de vente dans la région, auxquels s’ajoutent une dizaine de restaurateurs.
« L’automne dernier, j’ai planté 550 kilos d’ail dont une partie se trouve également sur des terres à Laterrière. Il y aura bientôt une boutique en ligne, mais pour l’instant le plus facile pour nous rejoindre c’est via la page Facebook », précise celui qui pense également proposer de l’autocueillette de citrouilles en automne. « En venant chercher sa citrouille, on pourra faire sa provision d’ail ! »
Pour la petite histoire, il faut savoir que la plantation d’ail située au bout du Chemin du Moulin à Saint-Félix, se trouve sur les terres des anciens laitiers de Saint-Félix-d’Otis. C’est en effet sur les terres de son grand-père, qui à l’époque avait une ferme laitière, que François Thibeault, en partenariat avec son père Pierre, perpétue la vocation agricole familiale. Ce dernier se souvient : « Mes parents avaient 40 vaches, et on distribuait le lait qu’on embouteillait nous autres même jusqu’à Rivière-Éternité. La belle terre noire que vous voyez ici, avant c’était le fond du lac Otis ! Il y a plus de 100 ans, le lac avait été éclusé pour pouvoir draver le bois jusqu’au Saguenay. C’est pourquoi cette parcelle de terre est si belle … et sans roches ! »