Un petit ruisselet serpente le territoire à la recherche d’une pente presque nulle. Un visionnaire passant par là y voit un paradis pour sa demeure. Ainsi se lance-t-il dans la conception d’une véritable cathédrale aquatique. Ce faisant, il se sert de tous ses sens et tous ses membres pour y arriver : pattes palmées, griffes servant de crochets pour tirer le bois et pour creuser, une large queue en pagaie avec laquelle il communique, de grandes dents pour mieux gruger,… et un sixième sens lui permettant de ressentir l’écoulement de l’eau.
Cet animal, qui a probablement inspiré les premières nations dans la création du magnifique canot d’écorce (un conte à ce sujet en témoigne), a frôlé la liste des espèces disparues au siècle dernier. Heureusement, on a mis une pause de piégeage et notre frère, le castor, a repris ses fonctions dans l’écosystème de nos contrées.
Partout autour de nous vit cet être qui a donné sa peau pendant plus de deux siècles au profit de notre patrie. Sur une pièce de monnaie, nous l’avons imprimé afin de le remercier! Sans ce dernier, les premiers humains de ce territoire n’auraient pu vivre aussi gras. En effet, ce maître de l’eau fait naître des milieux humides qui deviennent de véritables garde-manger.
Des plantes nourrissantes telles les lentilles d’eau, le nénuphar, la sagittaire, la quenouille, diverses graminées,… attirent une masse animale incroyable : insectes, amphibiens, poissons, oiseaux, mammifères, dont le roi orignal. Même lorsqu’il abandonne ses barrages, le castor laisse derrière lui un terreau des plus riches qui soit, dû à toute cette masse vivante qui profita de son génie! Nous sûmes également profiter de ses ressources physionomiques; chair généreuse, fourrure chaleureuse, glandes (tondreux) thérapeutiques, queue à affûter, dents à sculpter (couteau croche ancestrale).
C’est une bête facile et fascinante à observer. Les canaux qu’il creuse pour transporter le bois, ses radeaux de branches fraîches comme garde-manger hivernal, l’ingéniosité de sa hutte et de ses barrages n’en sont que quelques exemples. L’aube et le crépuscule inspirent ce bricoleur à sortir, si vous voulez le voir à l’œuvre.
Et quand nous vivons quelques désagréments dus à ses barrages, rappelons-nous les milliers de kilomètres carrés que nos projets hydroélectriques inondent, sans donner d’aussi bons résultats que les étangs des castors comme enrichissement des milieux.
Bien à vous Amishk (Castor en langue Innu)!