Depuis quelques années, les perspectives étaient plutôt sombres pour les rivières à saumon de la région et partout au Québec. Le faible débit et la chaleur élevée de l’eau avaient causé la fermeture de la pêche sur plusieurs rivières pendant l’été. De plus, la montaison du poisson avait été exceptionnellement basse l’été dernier. Du même coup, le nombre de prises et de remises à l’eau avait grandement chuté.
Le portrait de cette année est totalement différent et les pluies abondantes y sont certainement pour quelque chose. Sur la rivière Saint-Jean, les prises et les remises à l’eau ont quadruplé, passant de 35 en 2014 à 146 en 2015. La situation est la même sur la rivière Petit-Saguenay comme l’indique son directeur Richard Bernier : « C’est la meilleure année en terme d’achalandage, de captures et de remises à l’eau depuis 2011. À Petit-Saguenay, le taux de succès a été de 20% cette année, comparativement à une moyenne habituelle de 12%. C’est généralisé partout au Québec. » Selon lui, la bonne montaison découle également d’une bonne fraie en 2011, puisque les saumons fréquentent leur rivière d’origine sur un cycle de 4 ans.
Diversification et renouvellement
Alors que les saisons de pêche se succèdent, la moyenne d’âge des pêcheurs augmente au même rythme. Le renouvellement de la clientèle est donc un des plus grands défis pour les gestionnaires des rivières à saumon. Les rivières font des efforts depuis des années pour initier la gent féminine à ce noble sport. La journée des dames de cette année a encore une fois été un succès avec 21 participantes à L’Anse-Saint-Jean et 10 du côté de Petit-Saguenay. Mais selon Richard Bernier, « il faut absolument développer la relève pour intéresser les jeunes à la pêche à la mouche. »
Afin de diversifier leurs sources de revenus, les rivières à saumon ont également dû développer de nouvelles activités. La rivière Petit-Saguenay fait figure de pionnièreà cet égard avec son offre d’hébergement dans ses chalets patrimoniaux, en camping et en yourte. Elle a également des nouveaux projets d’hébergement sur la planche à dessin. La descente en canot sur les eaux mortes demeure pour sa part une activité très populaire. L’organisme vend aussi des mouches pour le saumon, pour la truite de mer et attend l’ouverture de la pêche au bar rayé dans le fjord pour développer une offre de ce côté.
Assurer la survie du saumon
Les rivières à saumon ont un mandat de préservation et c’est pourquoi elles prônent la remise à l’eau des géniteurs qui mesurent 63 cm et plus. Elles doivent également lutter contre le braconnage, qui nuit au renouvellement de la population. Les protocoles mis en place entraînent aussi la fermeture des rivières lorsque la température de l’eau dépasse 23°C. Comme l’indique Richard Bernier : « Quand on remet un saumon à l’eau, il faut s’assurer qu’il puisse survivre ! »
L’association de la rivière Saint-Jean fêtait son 20e anniversaire cette année et celle de Petit-Saguenay fêtera son 50e l’an prochain. Les premiers colons pêchaient déjà il y a plus de 150 ans et avant eux les employés de la compagnie de la Baie d’Hudson et les amérindiens. Si le nombre de saumons a grandement diminué depuis cette époque, la protection de l’espèce est au cœur du mandat des associations. Au final, c’est le maintien de la population de saumons qui permettra aux générations futures de continuer à apprécier ce sport traditionnel.