Rencontre avec Fernando Lavoie
Fernando Lavoie est né en 1940 à Clermont. Son père et son grand-père ont été parmi les premiers colons de Boilleau : « Mon père Béniti rencontre ma mère, Marie-Paule Ouellet, native de St-Agnès dans le Charlevoix, venue faire des relevailles dans la région de Boilleau. Il part à St-Agnès l’épouser et travaille alors pour le moulin Donahue à Clermont. Mais dès 1947, il revient dans la région acheter la maison de son père Edmour Lavoie. »
« Jusqu’en 1963, la Compagnie Price possédait tout le territoire ici et donnait des chantiers à chaque famille. Si une famille avait 3 ou 4 enfants, la compagnie en donnait plus. Ça partait à peu près de 175 cordes de bois jusqu’à 400 cordes de bois. Mon père, il avait 250 cordes de bois à faire durant l’hiver. Il commençait dans le mois d’octobre environ et finissait dans le mois de février. Moi j’ai commencé à 14 ans de bûcher avec lui. Ça a duré jusqu’en 1963, après il n’y avait plus de bois ! C’est là que s’est formée la Coopérative forestière, qui a commencé tranquillement avec 5000 cordes. Mais il y avait encore beaucoup de monde sur le chômage. »
La création des Comités de Citoyens.
Fernando Lavoie, le maire fondateur de Ferland-et-Boilleau de 1978 à 1983, était également à la tête du Comité de Citoyens quand ce dernier a présenté le projet de Camping Camp d’Accueil au gouvernement. Six personnes, qui avaient toutes à cœur le développement du village, composaient ce Comité : Juliana Boivin, Paul-Yvon Côté, André-Jean Gilbert, Lise Tremblay, Ghislain Rodrigue et Léon Simard. « À l’époque, on travaillait beaucoup avec Rivière-Éternité. Il faut savoir que trois Comités de Citoyens s’étaient formés en même temps (Rivière-Éternité, lac Kénogami et Ferland-et-Boilleau, trois territoires non municipalisés qui l’ont été en janvier 1978). Rivière-Éternité et son projet du chalet des loisirs, et nous autres avec le chalet et le camping au bord du lac Ha! Ha! »
Des subventions gouvernementales de l’époque permettaient à des personnes sans emploi de travailler à la réalisation de projets communautaires. « La demande d’investissements faite au Fédéral s’élevait à 64 000 $, si on en déduisait les cotisations chômage que le gouvernement déboursait déjà. Au départ refusée, on est allés avec le président du Comité de Citoyens de Rivière-Éternité, Albéric Chalifour, présenter notre demande à Ottawa, avec de beaux tableaux pleins de chiffres. Grâce au député Paul Langlois, on a pu y rencontrer un haut fonctionnaire. Notre voyage d’une dizaine de jours avait été payé dans son entièreté par le curé de Rivière-Éternité, » se rappelle Fernando Lavoie. Malgré un dossier de présentation et des arguments financiers implacables, les projets sont de nouveau refusés !
Mais pas question d’abandonner, ils devront voir le jour !
« Avec Rivière-Éternité, on se parlait souvent, et suite à des consultations citoyennes, il est décidé d’aller occuper le Centre de main-d’œuvre de La Baie. On était au-dessus de 50 ! Dans l’après-midi, le député Langlois m’appelle pour me dire que nos deux projets sont finalement acceptés ! » se rappelle comme si c’était hier l’homme à la détermination solide comme le roc.
Au début, il fallait passer par le rang Edmour Lavoie pour aller au Camp d’Accueil et il n’y avait qu’une vingtaine d’emplacements de camping. L’année suivante, une nouvelle demande est soumise pour augmenter le nombre de terrains et faire un chemin qui passe directement par la route 381. Encore refusée !
« Le Centre de main d’œuvre m’avait appelé pour me prévenir que si on venait de nouveau manifester, ils allaient appeler la police et nous mettre dehors. Plan B ! Une cinquantaine de personnes vont faire la file toute la journée pour remplir des formulaires afin de se trouver de l’ouvrage ! » Le Comité de Citoyens finit par obtenir les investissements nécessaires et poursuit le développement du camping !
Le tourisme commençait à peine à l’époque et la première année du Camping, il y a eu 14 saisonniers ! La première employée se nommait Fernande Gagné.
Actuellement il y a deux personnes qui travaillent de mai à septembre au Camping, qui offre 44 emplacements. Il est devenu un endroit très apprécié des kayakistes, entre autres.
Les retrouvailles auront lieu le 2 juillet, et c’est autour d’un méchoui que les 50 ans du Camping Camp d’Accueil seront célébrés. « Pour moi, c’est surtout l’occasion de remercier une population qui, à l’époque, se tenait et a permis la réalisation de ce magnifique site de camping. » conclut Fernando Lavoie avec une certaine nostalgie.