Diana Gaudreault, originaire de L’Anse-Saint-Jean, est arrivée avec sa famille à l’âge de 16 ans à Rivière-Éternité. C’est là qu’elle a rencontré son mari Fernand Pelletier, à la noce d’une cousine : « Dans ce temps là, après l’église, la fête se faisait aux maisons. Le midi on dînait chez le garçon et le soir on soupait chez la fille. Avec Fernand, qui vivait à Petit-Saguenay, on pouvait pas trop se voir, il avait pas de machine, il descendait pas tous les soirs ! Alors on s’est pas parlé longtemps, pas plus que 9 mois pis après on s’est mariés.» Diana venait juste d’avoir 19 ans.
L’église où Diana et Fernand ont célébré leur mariage était alors au bout du pont, là où il y a maintenant le garage M.P. Gagné. « Ils ont mis des portes pour rentrer les chars et puis ils ont démonté le clocher pas longtemps après », explique Fernand. Cette première église faisait également office d’école avant que les sœurs n’arrivent au village dans les années 50.
Le père de Diana, Herménégilde Gaudreault travaillait en ville sur la construction, il était peintre : « Papa il n’avait plus d’ouvrage alors mes parents ont décidé de s’acheter ce terrain, ici à Rivière-Éternité. Il y a 70 ans de ça c’était pas gros, il y avait juste trois maisons dans le village, mais tu montais sur les côtes et là, il y en avait partout ! Chaque lot avait sa maison. »
Arrivé à Rivière-Éternité, Herménégilde Gaudreault a travaillé comme son père Édouard le faisait à L’Anse-Saint-Jean, il est devenu le forgeron du village. Il ne manquait pas d’ouvrage, il faisait des traîneaux, ferrait les pieds des chevaux. « Et puis mon père a ouvert son restaurant, on appelait ça chez Herménégilde ! Mais c’est moi qui m’en occupais. Ma mère était malade, alors j’aidais à travailler à la maison, je m’occupais de mes frères. Dans le temps du restaurant je ne connaissais pas encore Fernand. »
Le restaurant chez Herménégilde, ce n’était pas un vrai restaurant, mais il y avait toute sorte de chose, des sandwichs, de la liqueur, de la bière, un peu d’épicerie. C’est aussi là que les gens venaient chercher leur poste. Et c’était surtout le rendez-vous de la jeunesse. Diana se souvient : « Les gars venaient prendre la bière pis ils restaient là ! Des fois ils fêtaient un peu trop, alors ils couchaient à terre. De La Baie, ça descendait pour venir veiller chez nous. Ça commençait les machines dans ce temps là, tout du monde qui travaillait dans le bois venait manger leur argent la fin de semaine. »
Fernand, de son côté, travaillait dans le bois, il y passait ses hivers, à Chicoutimi nord ou Ferland-et-Boilleau, et puis l’été, il travaillait sur les moulins à scie : « On était obligé, il n’y avait pas d’autres jobs. À 23 ans, je me suis marié avec Diana, alors je suis venu à Rivière-Éternité. Des moulins ici, il y en avait quatre. Ça arrivait et ça s’installait, y’avait pas de lois comme à cette heure. On faisait du syndicat comme on disait, on bûchait l’hiver pis on vendait notre bois l’été. »
Diana a donc élevé ses enfants toute seule, pendant que Fernand travaillait au loin : « Après avoir élevé mes frères, j’ai élevé mes enfants et c’est là j’ai arrêté le restaurant qui a fermé en même temps ! »