Ces femmes et la pêche en eau profonde !

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Photo reportage de Manon Landry.

Vendredi le 31 janvier 2022, il fait – 20 mais j’ai tout de même un sourire en coin, car je m’apprête à marcher sur le Fjord, équipée de mon appareil photo. Cela fait deux ans que les adeptes de pêche blanche attendent pour déposer leur maisonnette chauffante sur le Fjord dans L’Anse-Saint-Jean, la température ne le permettait pas.

Pour ceux et celles qui n’ont pas vu l’exposition de Manon sur la pêche blanche au centre culturel du Presbytère à l’été 2021, vous pouvez la revoir au Camp de Base jusqu’au 16 mars 2022.

J’ai découvert la pêche blanche en 2018, je venais d’atterrir à L’Anse-Saint-Jean pour y vivre. Lors de ma première sortie, par une belle journée d’hiver avec mon amie Cholé et son copain Richard, j’ai eu ce qu’on appelle la chance du débutant. Nous avons remonté un gros turbot, un sébaste et le clou du spectacle : une morue bien dodue !

Je me demande encore aujourd’hui pourquoi je préfère la pêche blanche à la pêche à la truite. Peut-être que c’est la magie de marcher sur la glace dans un village que je sais éphémère. Peut-être aussi que c’est le hasard, dépendamment de où je me trouve sur le fjord, de la profondeur à laquelle ma ligne pourra descendre. Dans tous les cas, la surprise de voir quelle espèce sortira de ces eaux allant jusqu’à 500 pieds penche sûrement dans la balance. Je vous l’accorde, ils ne sont pas tous jolis ces poissons, mais ô combien ils sont délicieux !

L’été passé, j’avais participé à une exposition collective sur la pêche blanche au centre culturel du Presbytère. Ainsi, Cécile m’a demandé si je voulais bien réaliser un petit reportage sur les femmes adeptes de la pêche blanche pour ce numéro du Trait d’Union. J’ai dit oui, bien sûr. Aujourd’hui, je me retrouve donc sur le fjord pour la première journée d’embarquement des cabanes à pêche, organisée par la ZEC de l’Anse-Saint-Jean.

Je vois Chloé au loin. Elle m’invite à passer pour tirer quelques lignes dans la cabane toute blanche de son amoureux. « C’est le grand jour ! » dit-elle. La voiture est remplie de nourriture et du nécessaire à camping, histoire de dormir dans la maisonnette bien chauffée le soir même. Bon, ça ne mort pas. Je n’ai pas assez de filage pour me rendre au fond des eaux. Je me rhabille, car je ne suis pas venu ici pour taquiner les poissons, mais pour rencontrer des femmes qui trippent sur la pêche. Je sors de la cabane au bon moment. Il y a devant moi un coucher de soleil rose qui est tout simplement magnifique.

J’ai l’impression de me balader par -1000°c dans le nouveau petit village inerte. Les courageux de cette première journée son encabanés et ne pointent même pas le bout de leur nez dehors. J’aurais le goût de cogner à toutes les portes où j’aperçois de la boucane, mais je n’ose pas. Il commence à faire noir. Je regarde du coin de l’œil à l’intérieure des cabanes un peu. Je remarque beaucoup de femmes avec leur chum et ils ont l’air à pêcher, chacun dans leur trou respectif. Ces scènes m’attendrissent. Je continue mon chemin et j’aperçois, au travers d’une fenêtre de cabane, une femme et son homme la ligne à l’eau, durant que la grand-mère tient dans ses bras le petit poupon. J’aurais aimé immortaliser cette image.

Rencontre avec Sylvia Thibeault. Elle me raconte que ça fait 10 ans qu’elle n’avait pas pêché le poisson de fond, mais qu’elle pratique ce sport depuis 2004. « Les premières années, il n’y avait presque pas de femmes, les hommes venaient entre eux comme à la chasse ! Depuis 5 ans, je dirais qu’on remarque un engouement pour la pêche blanche du côté des femmes ». Sylvia a recommencé à pêcher l’an passé, une de ses amies lui a redonné le goût. L’amie de Sylvia, Jennifer Labonté de Rimouski, est littéralement tombée en amour avec le fjord. En 2019, elles en ont fait le tour, avec un guide, pour essayer quelques villages de pêche blanche avec leur tente. Cette année, elles ont loué une cabane histoire de se gâter un peu.

Jennifer Labonté de Rimouski, et amie de Sylvia.
Joannie Gagné, de L’Anse-Saint-Jean est une vraie fan de poisson de fond depuis six ans. Quand elle n’est pas dans la cabane de son père, elle est dans sa tente au large !
Annie Morin et Andréanne Warren de Pointe-au-pic (La Malbaie) ont fait l’acquisition d’une charmante cabane la semaine dernière. Pour Andréanne, c’est sa première année à L’Anse-Saint-Jean. C’est un retour pour elle aux souvenirs d’enfance lorsqu’ils avaient une cabane en famille à Sainte-Rose-du-Nord , la journée se terminait toujours avec une cuisson de Fish-and chip !
Ça fait plus de 30 ans que Suzanne Blanchette et son conjoint de Saint-Camille-de -Lellis dans Bellechasse louent un chalet à L’Anse-Saint-Jean et une cabane pour passer un 10 jours de pêche blanche sur le fjord.
Le souper est déjà prêt pour Mélissa Larouche de L’Anse-Saint-Jean et sa fille Aurélie. Les filets sont faits sur place, pas de temps à perdre, les enfants retournent à l’école demain et Mélissa reprend le volant de son autobus scolaire. Une famille passionnée de pêche d’hiver et d’été depuis plus de 10 ans.
Éliane Lajoie-Morin, Jacques Morin, Loane, Line Lajoie et Caleb de Saint-Irénée dans Charlevoix. Éliane vit sa première année de pêche, initiée par son père.
Que c’est beau de voir les 3 générations pratiquer ce beau sport en famille.
Marie-Anna Gagné, 7 ans de Laterrière est une jeune fille adepte de pêche blanche et de pêche à la truite.

La reine du sébaste