« Ici j’appelle ça mon petit bonheur, je m’en viens pis j’ai la paix ! Ma femme Françoise, elle aimerait bien ça que je bâtisse un petit camp sur le lot, on serait ben! » Je veux bien le croire. Première visite sur les lots à bois de Jacques-André Simard et juste après quelques minutes, on se sent déjà paisible, bercé par ses histoires.
Jacques-André parle si bien des arbres qu’il en devient presque poète. Pendant 40 ans, il a tellement bien jardiné sa forêt que ses lots ont pris de la valeur au lieu d’en perdre! « Y’en a qui me disent, tu devrais vendre ça! Hey moi je l’ai toute entretenue ma forêt, c’est pas pour laisser un gars arriver là avec ses grosses machines. Ça brise tout un lot, une fois qu’ils sont passés, t’as pu rien ! C’est pas creyable ! »
Quand il travaillait pour le ministère, Jacques-André a bien vu qu’ils n’avaient pas la même vision : « On bûchait toute, on laissait une lisière, on bûchait toute, on laissait une lisère… L’année d’après, c’était à terre ! C’est du bois gaspillé ! Il est pas raciné pour ça, il est raciné pour l’ensemble! Un arbre qui est tout seul, il est raciné pour lui, mais dans une forêt, c’est pas pareil, c’est comme une communauté! »
Jacques-André a appris à bûcher avec son père Jean-Marc, qui lui avait appris avec son père Théophile. « Si tu prends toujours le plus bel arbre, la plus grosse épinette, il ne va pas te rester grand-chose à la fin. Il faut en garder des beaux pour ensemencer ta forêt. Mais y’en a des gros, il faut que tu les fasses. Ça prend un certain jugement. »
Théophile Simard, il était natif de Ferland-et-Boilleau, mais la terre agricole, c’était à sa femme, Amanda Gagné. Quand elle avait 5 ans, ses parents sont arrivés de L’Anse-Saint-Jean par la mer, au quai à Petit-Saguenay et ils ont remonté de long de la rivière! Ils ont d’abord hiverné au moulin de la Poussière, aux remous du petit Bras. Ensuite, ils ont acheté le lot au dénommé Richard Martel, et travaillé fort pour défricher la terre, cette même terre où vit actuellement Jacques-André, juste à côté de son frère Denis, qui lui s’occupe de la ferme.
David et Didier Gaudreault, les deux propriétaires des Ateliers Bois de Fer, travaillent depuis plusieurs années avec ce bûcheron d’expérience. Jacques-André les fournit en merisier, mais surtout, c’est un partage de connaissance qui s’opère ici. Faut voir comment David et Didier observent Jacques-André quand il travaille sur son moulin. Et Jacques-André, qui déteste par-dessus tout que l’on gaspille le bois, est tellement heureux de pouvoir participer à la création de ces belles tables.
« Ça a de la valeur ça là, ce qu’ils font eux autres Les Ateliers Bois de Fer dans la paroisse, c’est une véritable richesse, cette belle relève. Ils font du beau avec des arbres pas drette et pleins de nœuds. », conclut avec le sourire Jacques-André, avant de retourner à son moulin.