Installée sur le plateau St-Louis à Petit-Saguenay, l’entreprise, fondée initialement par Anne Gaudreault et Gilles Arsenault, entreprend avec fierté sa vingtième saison de maraîchage.
Anne est la troisième génération à cultiver cette terre. Son fils Bastien y travaille depuis une dizaine d’années et sa conjointe Geneviève Houde-Simard s’est également jointe à l’équipe. La relève est ainsi assurée ! Le jeune couple, installé à Petit-Saguenay depuis trois ans, s’est associé comme partenaire dans la coopérative de solidarité familiale. Pour Geneviève, qui a quitté un emploi en ville, c’est un retour aux sources. En effet, ses parents et ses grands-parents sont originaires de Petit-Saguenay. La famille de son père exploite la ferme bovine Denis Simard à St-Antoine et ses grands-parents maternels étaient propriétaires de la scierie Jos Houde.
La production de la ferme respecte les règles d’art de l’agriculture biologique. Gilles raconte: « La terre de Marcel, le père d’Anne, a toujours été sans produits chimiques. On en connait l’historique depuis un siècle. Grâce à cela, la période de pré-certification biologique n’a été que d’une année ». Certifiée par Écocert Canada, la ferme offre, depuis une douzaine d’années, des paniers de légumes sous la formule ASC (agriculture soutenue par la communauté). Les paniers sont livrés une fois semaine dans cinq points de chute. Il n’y a ainsi aucun intermédiaire entre eux et les partenaires. C’est une formule gagnant/gagnante. Le fermier s’assure d’un revenu de base puisque les partenaires paient à l’avance et ceux-ci bénéficient d’un produit de qualité à meilleur coût. Une formule en pleine expansion, au Québec plus de 250 producteurs l’ont adoptée.
Cette année, le nombre de paniers va augmenter de 20% pour atteindre 200! Dans la région, huit autres maraîchers privilégient cette formule de vente, mais c’est leur entreprise qui maintient le plus grand volume. La clientèle se situe à Chicoutimi, Jonquière et au Bas-Saguenay. Leur réputation n’est plus à faire, la qualité de leurs produits est reconnue. Ils offrent 80 variétés de légumes, fines herbes et petits fruits récoltés en serre et sur leurs 3.5 hectares en culture. Chaque panier contient entre 8 et 14 produits, dépendamment du moment de la saison. La base est fournie avec les concombres, tomates, poivrons, laitues et fines herbes. Les partenaires sont bien servis, des suggestions de recettes et des informations sur les légumes sont même insérées dans les paniers ! La livraison se fait entre la St-Jean-Baptiste et l’Action de Grâce. Malgré nos printemps plus tardifs, ils souhaitent augmenter leur production de primeurs et rallonger la période des récoltes en investissant dans la plasticulture.
En effet, en 2018 des investissements de 20 000 à 25 000 $ sont planifiés pour de nouveaux équipements. Une autre serre de 27 pi X 95 pi prendra place et une production en paillis plastique (plasticulture) sera installée. Ce type de culture permettra d’augmenter la productivité des laitues et des courgettes en plus de sauver du temps en désherbage. Comme le souligne Bastien: « On pourra se concentrer sur autre chose, car on court souvent après le temps en pleine production! ». Une équipe de six personnes travaillera d’arrache-pied durant la saison. Gilles renchérit: « Il faut beaucoup de courage, de débrouillardise et de persévérance pour œuvrer dans une entreprise maraîchère. C’est un apprentissage constant et il y a toujours des défis à relever. J’ai vu naître plusieurs petites fermettes bio qui ont abandonné après quelques années. Les débuts n’ont pas été faciles pour nous non plus. Anne travaillait comme enseignante pour supporter financièrement la ferme, mais depuis huit ans elle se consacre à plein temps au projet agricole. C’est une question de passion et de choix de vie pour elle. »
Gilles mentionne également : « La ferme s’est transformée mais ce qui a le plus évolué, ce sont les mentalités. Le bio est entré dans les mœurs. Il y a 20 ans, il fallait continuellement expliquer notre mode de culture. Les gens disaient c’est cher! Maintenant, on entend c’est bon pour la santé, poursuit Bastien ! Depuis 3 ans nous notons un grand changement. » On voit ce phénomène à travers le Québec. Par exemple, au Cegep de Victoriaville, pionnier dans la formation en agriculture biologique, le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter et les organismes de recherche sont pris de plus en plus au sérieux par les instances gouvernementales.
L’entreprise a le vent dans les voiles, elle est là pour durer. Financièrement, elle a les reins plus solides, la relève est assurée et les projets futurs ne manquent pas. Cet été, une autre initiative verra le jour, soit un kiosque de libre-service. En effet, un comptoir réfrigéré sera ouvert à la ferme avec des prix indiqués directement sur les fruits et les légumes. Le consommateur pourra se servir et laisser l’argent sur place. Cela donnera une plus grande accessibilité aux produits et plus de liberté aux travailleurs qui sont souvent très occupés ailleurs sur la ferme.
Anne, Geneviève, Gilles et Bastien peuvent être fiers de leur réussite et de leurs projets. Ils envisagent d’autres investissements et pourquoi pas, plus de main d’œuvre. Le patrimoine agricole de Petit-Saguenay se maintiendra. Dans leur type d’entreprise agricole, 65% des dépenses sont consacrés aux salaires, car la mécanisation est restreinte. Dire qu’en 1992, il n’y avait pas d’arbres, pas de bâtiment, seulement le début de la construction de la maison et le rêve d’un projet de ferme !