Je suis fort, tu es fort, nous sommes forts

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Le Cap trinité au Parc national du Fjord-du-Saguenay. Crédit photo : Cécile Hauchecorne

                                                                                « La richesse d’une société civilisée se mesurerait plutôt par l’aptitude de ses membres à développer leurs capacités et leurs potentialités là où ils habitent. » (Méda, 1999)

Quand j’entends le mot « résilience », ce sont ceux de « menaces », d’« obstacles », de « luttes », de « pertes » et de « défaites » qui me viennent à l’esprit. Pourtant, quand je m’y plonge et que j’y réfléchis, ce sont les visages de celles et ceux dont j’ai entendu ou lu les histoires qui m’apparaissent; ces hommes, ces femmes et leurs enfants de l’arrière-pays qui se sont levés, envers et contre tous, pour défendre leur patrimoine familial et collectif.

Bien sûr cette vision romancée est celle que je tire des manuels d’histoire ou des romans dits du terroir ou ruraux. Il n’en demeure pas moins que j’ai pu constater, en confrontant la fiction à la réalité, la force de caractère des gens qui habitent en dehors des grands centres. Ce qui me frappe d’abord, dans ce qu’on appelle les milieux de vie périphériques, pour ne plus dire petits ou éloignés, c’est la capacité des gens qui y vivent à ne pas se laisser abattre, la solidarité qui les unit et le fort sentiment d’appartenance qui les attache à leur territoire. La résilience dont font preuve ces communautés est avant tout une manière d’être, une posture devant l’adversité.

Je pense ici aux nombreuses coupures budgétaires dans les municipalités et les organismes communautaires, aux fermetures d’écoles et de commerces ou au manque de soins et de services spécialisés. À chaque fois, ces communautés sont fragilisées. Pourtant, elles trouvent les moyens de s’organiser et de surmonter, ensemble, ces événements qui ont de lourdes conséquences sur leur mode et leur qualité de vie. Comment ? Comment ces collectivités marginalisées, par exemple, en raison de leur situation géographique ou économique défavorable, arrivent-elles à s’en sortir ? À se relever après chaque coup dur ? C’est en comptant sur un dynamisme local exceptionnel et sur la vitalité du capital humain.

Et c’est bien ce que je ressens et ce que j’observe au Bas-Saguenay depuis le peu de temps que j’y côtoie des gens du milieu et que j’apprends à les connaître. J’entends dans chacun de leurs mots la fierté et l’amour qu’ils éprouvent pour les leurs et leurs paysages. C’est cette richesse qui toujours m’emballe et me donne envie d’appartenir, avec et comme vous, à des projets nés d’efforts collectifs comme celui de la structure partenariale École-Famille-Communauté. Ce genre d’initiative témoigne de la volonté de toute une collectivité à travailler de concert pour empêcher que ne tombe dans l’oubli toute une génération de jeunes.