C’est l’histoire d’une montagne qui doit son nom à Édouard Moreau, un innu originaire d’Essipit. Elle faisait partie de son territoire de chasse, qui allait jusqu’aux Hautes Gorges de la Malbaie. Édouard vivait avec sa famille dans son camp, il trappait, pêchait et chassait pour se nourrir. Il faut savoir qu’en 1838, lors de la fondation de la municipalité de L’Anse-Saint-Jean, vivaient sur le territoire les familles innues Moreau, Saintonge, Hapenta et Denys. Édouard Moreau travaillait sur ce que l’on appelait à l’époque Le sentier des sauvages, la seule route capable de relier la région de Charlevoix. Il trappait avec Apulée Dallaire (1831-1908), grand-père du dénommé Horace, le dernier coureur des bois de la région.
Horace Dallaire (1892-1989), un fameux raconteux, admirait profondément les connaissances de ses amis innus avec qui il a appris à vivre dans les bois.
Édouard Moreau a non seulement laissé son nom à la montagne, mais également à un lac, le lac Moreau, situé à côté du Lac Anna, du nom de sa femme. Voici à ce sujet un extrait du livre Le peuple rieur de Serge Bouchard : Dans son livre sur les Innus du Saguenay, Florence Parcoret rapporte des faits très intéressants à propos des familles d’Essipit du XIXe siècle. Flavien Moreau (qui signait Papien Mono), le fils de Joseph, le premier des Moreau, a chassé sur un territoire immense entre L’Anse-Saint-Jean et Grande Baie, sur la rive sud du Saguenay, de 1850 à 1895. Il a passé sa vie dans ces paysages grandioses, chasseur-trappeur, guide, gardien de rivière, garde-chasse, s’adonnant à toutes les activités reliées au caractère sauvage du territoire. Il y demeurait avec sa femme innue, Marie-Louise Régis. Son fils Édouard suivit les mêmes chemins. Hélas, son territoire de chasse devint un club privé très sélect en 1900. Il est mort au pied d’une montagne qui porte son nom aujourd’hui, le mont Édouard.
Si le livre de Serge Bouchard parle d’une fin tragique pour Édouard, Horace lui se souvient que la famille Moreau est retournée vivre à Essipit. Et c’est là que l’histoire devient légende et ne rime pas forcément avec vérité !