
Quand on pense aux matières résiduelles, à nos déchets, les trois bacs de couleurs nous viennent souvent en tête; le bac brun pour ce qui se composte, le bac bleu pour ce qui se recycle et le bac vert pour tout le reste. Malheureusement au Québec, c’est presque toujours dans ce fameux bac vert que se retrouvent les déchets textiles qui proviennent de nos vieux vêtements, de la literie trouée et de toutes formes de tissus en général. Donner aux suivants, faire des soirées d’échange de linges, déposer les vêtements qu’on ne porte plus en friperie, les repriser ou les réparer, en faire des guenilles, sont bien entendus quelques-unes des stratégies que l’on peut employer pour réduire ces déchets textiles.
Toutefois, ceux qui ne peuvent espérer de seconde vie se retrouveront aux poubelles, donc en route vers l’enfouissement… Et ce n’est pas minime, l’industrie de la mode étant en mouvance constante et récemment influencée par de nouvelles tendances incitant encore davantage à la consommation ( fast fashion), elle est la deuxième industrie la plus polluante au monde avec 10% des émissions de carbone, soit 1,2 milliard de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre (GES) par année selon le GIEC, Recycling Council of Alberta.
Lieu de transformation de la matière et des consciences.

La Coop Minuit Moins Cinq (MMC), fondée au Bas-Saguenay en 2017, a pour principale mission de diminuer l’excès de tissus qui se retrouve dans nos poubelles. Un québécois jette en moyenne 12 kilos de textile par année, 12 kilos c’est colossal quand on sait qu’un tee-shirt pèse environ 10 grammes. Durant l’année 2024, MMC a récupéré un peu plus de 2 tonnes de vêtements pour sa Friperie et en a transformés 500 kg.
Réduire à la source
« Il faut consommer de manière intelligente, et se demander en achetant un vêtement : est-ce qu’il va bien vieillir ou pelucher au bout de deux lavages ? Et lors du lavage justement, ne pas mettre des serviettes avec de petits chandails, parce que ça les bouloche*, comprendre de quoi les vêtements sont composés et ainsi augmenter leur espérance de vie », énumère Julie-Vanessa Tremblay, la fondatrice avec Marielle Huard de MMC. « Il y a des alternatives possibles avant de jeter c’est certain, d’ailleurs on vend ici maintenant un super détachant. Aussi quand on achète un vêtement en coton, il a bien moins de chance qu’une chemise en polyester de relâcher dans l’eau du lavage des micro fibre de plastique. »
On trouve de tout dans le conteneur situé à la Friperie de Minuit Moins Cinq à Petit-Saguenay. Et certains items n’y ont pas leur place, comme de vieilles chaussures craquées, de vieilles bobettes ou des chaussettes trouées. « On a pas mal d’étapes de tri, de lavage, de découpage avant de pouvoir réutiliser un tissu pour confectionner nos produits. On essaye d’utiliser la totalité du vêtement récupéré, c’est pour cela que l’on fait essentiellement de petites pièces comme nos sacs-bananes. Ainsi on valorise au maximum le potentiel d’un tissu ! »
3 règles de base pour améliorer la gestion des déchets textiles
Diminuer à la source nos achats et encourager l’achat de vêtements seconde main. Julie-Vanessa me confie : « Faire de la récupération textile c’est un peu de la folie. Ce n’est pas un domaine facile, faut vraiment être créatif, s’adapter avec ce que l’on reçoit. La couture c’est un métier qui a été dévalorisé, parce que c’était un métier de femme et que tout le monde savait faire ça à l’époque. En plus, au XXIe siècle on ne paye jamais la vraie valeur de nos vêtements, un jeans 20 pièces, ça ne se peut pas ! S’ils étaient faits au Québec nos pantalons, ils vaudraient 150 $ minimum ! »
Et puisque tout fini par avoir un prix, le consommateur a toujours le choix de prioriser des achats qui auront le moins d’incidence possible sur la gestion de ses déchets.
*Boulocher : Former de petites boules pelucheuses à l’usage.