Le comité de développement éco-touristique de Ferland-et-Boilleau

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Du camping d'hiver sur le petit lac Ha!Ha! Crédit photo : Nathalie Simard

Nous avions déjà quelques corvées de nettoyage de sentiers à notre actif quand tout a commencé. Voici la petite histoire du comité de développement éco-touristique de Ferland-et-Boilleau.

C’est durant la pandémie, après le premier confinement, que s’opère la mise en place officielle du comité, tel qu’on le connait aujourd’hui. Adepte de randonnée pédestre, kayak, raquettes, ski hors-piste, etc., je me déplace depuis toujours, engloutissant les kilomètres, afin de pratiquer mes activités. Je fais quelques sorties dans mon environnement immédiat, mais j’avoue que ce n’est pas mon terrain de jeux « exclusif ».

Avec les recommandations afin d’éviter la propagation de la Covid 19, me voilà confinée dans mon patelin. C’est suite à une randonnée dans le sentier de la chute que je réalise qu’un sérieux besoin de renforts se fait sentir du côté de l’entretien des sentiers ! Plus d’effectifs humains et d’outils performants. C’est ainsi que naît le Comité des sentiers, formé de citoyens, mais aussi d’amis bénévoles, venant sporadiquement donner un coup de main ici et là.

Les algues bleues

À la fin d’une de ces journées de corvées éreintantes, sous une chaleur accablante, une des pires mauvaises surprises nous attend. À la sortie du sentier qui donne sur la plage au Camping du Camp d’Accueil, nous constatons avec stupeur que le lac Ha! Ha! s’est teinté d’une couleur turquoise douteuse. Alors accompagnée de Monique Witzell, agente de développement au bureau de la municipalité, une tristesse immense nous envahit. Ce que l’on craignait nous sera confirmé plus tard par une équipe de spécialistes dépêchée sur les lieux afin de procéder à des analyses. Nous faisions face à un épisode d’algues bleues.

Camping d’hiver au petit lac Ha!Ha! Crédit photo : Nathalie Simard.

La nouvelle se repand rapidement, les citoyens et les villégiateurs sont inquiets. Parmi eux, Joëlle Gagnon, résidente de Ferland-et-Boilleau, nous rejoint afin d’en discuter. Soucieuses, nous cherchons des solutions. Et c’est ainsi que bien malgré nous, un autre mandat s’inscrit dans notre mission:  la protection du lac Ha !Ha !.

Bien conscientes que nous devons continuer de développer des activités touristiques, une belle fenêtre pour l’économie de notre municipalité, il nous faut également et surtout, garder notre lac en santé. De plus, il est impératif d’y conserver un accès privilégié pour nous, les citoyens de Ferland-et-Boilleau. Enfin, des pistes de solution apparaissent comme celle de promouvoir des activités en harmonie avec la nature.

Le premier Rendez-vous festif du kayak Ha! Ha!

Au fil des rencontres, le comité recrute d’autres personnes issues de la population, des entreprises et services du milieu. On échange sur différents projets, on discute de nos inquiétudes, on se questionne beaucoup au sujet des impacts du développement sur la préservation de nos ressources. Les idées coulent, les projets fusent. On convient que l’on doit s’établir un calendrier avec des priorités et échéanciers, et l’on s’entend pour prioriser la mise à niveau des 5 sentiers existants à Ferland-et-Boilleau et assurer ainsi la sécurité des usagers.

Raphaël Emond de la Coopérative forestière de Ferland-et-Boilleau se joint à l’aventure et fait le relevé des points GPS afin que des cartes des sentiers soient précises et accessibles. L’uniformisation des repères visuels sur tout le territoire afin qu’ils soient facilement repérables fait également partie des premières actions entreprises. Des portails sont installés à chaque entrée des sentiers et des panneaux d’interprétation sont également placés.

Le comité a dernièrement fait appel à une agence environnementale afin d’effectuer une analyse des sentiers Toby et Du four. L’agence fera une évaluation des installations : passerelles, ponts et cordages. L’emphase est mise sur la sécurité des randonneurs.

L’incorporation du comité

Crédit photo : Kathy Morin.

Un travail colossal a été effectué durant les années précédentes par des équipes de bénévoles acharnés afin de développer et de garder ces sentiers en état. Les défis restent de taille. Beaucoup de tronçons et de passerelles sont problématiques, le drainage des sentiers reste difficile.

Le constat est fait rapidement que le comité doit se munir d’une structure plus officielle, essentielle à la bonne marche et la réalisation de plusieurs projets. C’est ainsi qu’au printemps 2021, nous reprenions le comité des loisirs et devenions officiellement le Comité de développement écotouristique. Depuis, beaucoup d’actions ont été réalisées et beaucoup d’autres sont à venir. Il s’agit ici également d’offrir un support au Camping du Camp d’Accueil et trouver des leviers d’offres touristiques pour compléter les périodes moins achalandées.

D’autres idées se mettent en marche dans la tête de plusieurs d’entre nous lorsque Mme Huguette, directrice du camping du petit lac Ha! Ha!, nous fait part d’un projet de passerelle sous le pont de la 381, qui relierait les deux secteurs du lac. Seules les embarcations du type canot, kayak et planche à pagaie pourraient y avoir accès. Cette idée cadre parfaitement avec le désir du comité de créer un réseau de canot, kayak/ camping. Pour s’assurer de la viabilité de cette idée, des démarches sont entreprises auprès de la MRC du Fjord-du-Saguenay où le projet est bien accueilli! Une personne ressource supportera et orientera le comité pour son développement. Toutefois, le comité devra s’assurer que ces aménagements, autant la passerelle que les plateformes et les toilettes sèches, respecteront les normes environnementales. Pour ce faire, nous devons conserver une bande de terrain le long du lac Ha! Ha!, ce qui n’est pas une mince affaire.

Passionnée de camping d’hiver, je me demande si les infrastructures mises en place pour le projet de passerelle ne pourraient pas être utilisées à développer des activités de camping d’hiver. Quand Joëlle Gagnon, membre très active du comité d’écotourisme, et Sven Kaminsky de la MRC se rencontrent, celui-ci lui confirme que ce créneau cadrerait parfaitement avec la nouvelle stratégie touristique de développement de la région qui est de promouvoir les activités hivernales au Saguenay-Lac-St-Jean.

C’est le genre de projet que le comité aime mettre de l’avant, des projets qui alimentent notre désir d’offrir des activités favorisant de saines habitudes de vie tout en ayant peu d’impact sur l’environnement.

Dans un avenir plus rapproché, soit à l’été 2023, les citoyens de Ferland-et-Boilleau auront accès à un sentier d’environ 4 km situé au cœur même du village, secteur Ferland. Ce sentier multi-fonctionnel et sécuritaire, pourra être emprunté par différents types d’adeptes. Pavé de poussière de pierre, son accessibilité sera facilitée pour les personnes à mobilité réduite, les petites familles avec poussette, les apprentis cyclistes et les marcheurs qui désirent s’adonner à leur promenade en toute quiétude. L’indice de bonheur de notre population nous sert de leitmotiv et l’on croit fermement que celui-ci peut être favorisé par la pratique d’activités physiques en forêt.

Tellement convaincue de cette idée, je soumets un autre projet au comité.  J’avoue que c’est avec beaucoup d’hésitations que je me suis lancée, craignant d’être prise pour une marginale, un peu trop rêveuse.  À mon grand étonnement, il n’en fût rien et je dirais même qu’au contraire, c’est avec enthousiasme que j’ai pu poursuivre mon exposé.

Le sentier des chutes comme lieu de ressourcement.

Influencée par mes formations en pédagogie par la nature et mes intérêts personnels, j’imagine un premier segment du sentier où le travail fait en forêt serait expliqué ainsi que les efforts déployés pour la protection et la régénérescence de celle-ci. Ce projet se ferait en partenariat avec la Coopérative forestière de Ferland-et-Boilleau, l’acteur principal de notre économie locale.

En second lieu, je visualise un bain de nature, que les japonais nomment Shinrin Yoku, ou l’art et la science d’une forêt qui nous guérit. Le lien avec les arbres pourrait passer par un éveil en pleine conscience, une forme de méditation qui consiste à amorcer une réflexion profonde en utilisant nos 5 sens. Elle nous fait réaliser que notre bien-être est souvent régulé par ce qui nous entoure. J’imagine le tout en collaboration avec le Symposium des sculpteurs du Boréafest.  L’ajout de sculptures de bois, tout au long du parcours, ajouterait un support visuel et une dimension artistique en harmonie avec le thème. Bref, c’est en prenant conscience des richesses qui nous entourent et avec le sentiment de gratitude envers celles-ci, que vient l’envie de la préserver. Cet état d’esprit est souhaitable dans toute action posée pour un développement durable.

Force est d’admettre que ces projets ne verront peut-être pas tous le jour, mais il faut retenir que quelque part, des individus animés par une volonté de dynamiser le milieu, sont également préoccupés par la protection et l’accès à tous des lacs et des forêts.