Bonjour tout le monde, Ken Villeneuve conteur, de Sainte-Rose-du-Nord, de l’autre bord du Saguenay, pour me présenter. Je prends un p’tit deux minutes de ton temps pour te parler de ma grande passion, le conte. Parce qu’au Québec, le conte, on a toujours eu les deux pieds dedans.
On s’appelait Nouvelle-France encore pis on se contait déjà des histoires. Les nouveaux habitants se sont mis à adapter les contes folkloriques français à leur nouvelle réalité, à leur nouveau territoire. Le diable français s’est américanisé en quelque sorte. Il est sorti de sa forme bestiale pour incarner, au Québec, un bel homme étranger habillé tout en noir qui surgit de nulle part lors de la veillée de danse pour séduire et détourner du droit chemin une innocente jeune fille.
Le conte porte toujours en lui une morale philosophique. Après avoir adapté les histoires folkloriques françaises, les conteurs se sont mis à raconter la vie quotidienne des gens dans les villages, à devenir des chroniqueurs du quotidien, la grange du rang 2 a brûlé, samedi prochain y’a un bi, la petite Tremblay du détour croche pis le grand Lavoie du village vont se fiancer…. Genre. Le conteur se promenait de village en village et enlignait ses histoires en fonction de l’auditoire présent. Les histoires évoluaient de soirée en soirée, chaque fois un peu différentes mais pareilles quand même. Le diable contre ti-jean et son violon, le curé, l’homme-fort, le coureur rapide, le canot volant, mille et une versions différentes au fil du temps.
Au fil du temps, le conteur s’est mis à raconter l’histoire de son coin de pays, sa propre histoire en quelque sorte, comme si en la disant il la faisait vivre à nouveau pour ne plus jamais l’oublier…
Chaque village, chaque fond de rang, chaque quartier des grandes villes a eu son conteur. Encore aujourd’hui, dans un renouveau du conte au Québec où les scènes pour se produire sont nombreuses, l’expérience reste la même. Ensemble dans un endroit confortable, bercés par la parole du conteur, les gens sont invités à tourner leur regard vers eux-mêmes, à réfléchir et philosopher sur la grande nature humaine.
Sur ce, au plaisir de vous voir au détour du chemin des spectacles de contes, peut-être le 28 août au Jardin des défricheurs dans le cadre d’une soirée Dans ma grange, concept de souper sur feu de bois et contes, avec en vedette le chef Jonathan Grenon de L’Auberge des Battures, un concept à ne pas manquer, cré-moé sur parole!