Créé en 2018, le Festival des Couleurs du Fjord a connu bien des détours et des embûches avant de réunir autour de la même table les 3 Symposiums qui se déroulent durant l’Action de Grâce. Existant depuis une vingtaine d’années, le Symposium des Villages en Couleurs, regroupant les villages de L’Anse-Saint-Jean et de Petit-Saguenay, n’a en effet pas du tout apprécié de voir s’installer aux mêmes dates de nouveaux évènements artistiques dans les villages avoisinants. Tout d’abord à Saint-Félix-d’Otis, où en 2012 s’installe un nouveau Symposium de peinture, suivi en 2013 d’un Symposium d’Art contemporain à Rivière-Éternité.
Les uns se sentaient victimes d’une concurrence déloyale, les autres voulaient simplement profiter des milliers de voitures qui traversaient leurs villages respectifs au moment de l’Action de Grâce. Il a fallu qu’une demande soit faite par le Comité de concertation regroupant les maires du Bas-Saguenay pour qu’enfin en 2017, les 3 différents Symposiums se retrouvent autour de la même table, avec comme objectif de réussir à créer un événement commun.
Anicet Gagné, à la fois président du Symposium des Villages en Couleurs et du nouveau Festival regroupant les 4 villages du Bas-Saguenay le confirme : « Au départ, le principal enjeu, ça a été d’amener tout ce beau monde à travailler ensemble, alors qu’ils étaient auparavant en compétition ! » D’après l’ancien conseiller, la façon dont a été réussi ce tour de force, c’est en travaillant ensemble tout en gardant l’unicité de chacun. Cela a pris une année de préparation et de discussion pour qu’enfin, en 2018, le premier Festival des Couleurs du Fjord voie le jour.
« C’est d’ailleurs toujours le grand défi que nous avons et qui n’est pas si difficile à relever.
Chaque village veut avoir sa place, sa couleur, c’est un défi certes mais c’est aussi une force, la force des différences !
Rivière-Éternité avec l’art contemporain, Saint-Félix-d ‘Otis qui intègre de la sculpture, ces deux événements accueillent d’ailleurs des artistes émergents alors qu’à L’Anse-Saint-Jean et Petit-Saguenay, ce n’est pas le cas ! C’est une voie que j’aimerais explorer avec les Villages en Couleurs, inclure des artistes locaux émergents, qui viendraient apprendre au contact des artistes professionnels que nous recevons depuis 31 ans ! » conclut Anicet Gagné, somme toute satisfait de la tournure prise par les événements artistiques qui ont tout de même accueilli l’an passé, et ce malgré toutes les mesures sanitaires en place, 7000 visites dans les 4 salles d’exposition du Bas-Saguenay.
Liane Girard, présidente du Symposium d’Art contemporain de Rivière-Éternité
Impliquée dans sa communauté depuis son arrivée à Rivière-Éternité, Liane Girard apprécie particulièrement le dynamisme et l’esprit d’entraide qui règnent dans son village d’adoption. Sans la quinzaine de bénévoles qui s’implique lors de l’événement, le Symposium ne pourrait simplement pas avoir lieu !
« C’est suite à une demande des maires du Bas-Saguenay que la SADC s’est impliquée en tant que médiateur, afin que petit à petit, on arrive à se parler et à fonctionner ensemble, même si cela n’a pas toujours été facile, m’explique Liane Girard qui confirme que la clé de cette collaboration a été que chaque Symposium garde son identité. On choisit nos artistes, on organise notre événement, les seules choses que l’on partage, ce sont les demandes de commandites, les publicités et le marketing. »
Il faut tout de même noter qu’il reste encore du chemin à faire dans ce domaine, puisque pour l’édition 2022, il existe un site Web pour le Festival des Couleurs, et pour compléter, chacun des trois Symposiums gère son propre site !
Pour conclure, Liane Girard remarque qu’il y a toujours un petit esprit de clocher mais les cloches commencent à sonner un peu partout ! « Tranquillement on travaille ensemble sur certains dossiers mentionnés plus haut, mais on ne sait pas ce qui se passe dans les autres Symposiums … j’imagine qu’à un moment la confiance va s’établir encore plus et le partage de l’information en deviendra plus fluide ! »
Thérèse Fortin, présidente du Symposium de Saint-Félix-d’Otis
Nouvelle résidente à Saint-Félix-d’Otis, Thérèse Fortin qui est également une artiste peintre de renom, voyait 5 à 6000 voitures passer dans son village d’adoption au moment de l’Action de Grâce. C’est alors qu’elle décide d’installer quelques-unes de ses toiles dans le petit parc en face de l’église de Saint-Félix. Mercédès Tremblay, une autre résidente de la municipalité, qui s’en allait vers les Symposiums de L’Anse et Petit Saguenay, va la voir et lui demande : qu’est-ce que tu fais là ? Et bien pourquoi je m’empêcherais de présenter mes affaires ! « Et c’est quand Mercedes est revenue de sa tournée des Symposium qu’elle me lance tout bonnement : on va en faire un nous aussi ! » me raconte le sourire en coin Thérèse Fortin.
Cela se passait en 2011, l’année suivante avait lieu le premier Symposium de peinture dans l’église de Saint-Félix-d’Otis.
« C’est certain qu’il y a des enjeux à se retrouver les 3 Symposiums autour de la même table, mais moi j’y vois surtout l’occasion de grandir, de se développer et de rayonner de plus en plus à l’extérieur de la région.
Pourquoi ne pas faire venir un ou deux autobus de touristes qui arrivent avec les bateaux de croisière. Dans leur super gros bateau, ils pourraient très bien ramener une toile. Moi je ne vois pas de limite au Festival, la seule limite c’est de voir à quel point les personnes autour de la table ont vraiment envie de travailler ensemble, mais de ce côté-là, je trouve que cela va de mieux en mieux ! »
Celle qui voit pour le Festival des Couleurs du Fjord un avenir radieux conclut avec enthousiasme : « Il peut devenir gros, très gros ce Festival ! Des Symposiums, il y en a un peu partout au Québec, mais ici, au Bas-Saguenay, c’est la seule place où les Symposiums se sont regroupés ainsi. »