La résilience est sans conteste l’une des principales forces d’un milieu rural bâti loin des grands centres. Le comité de rédaction du Trait d’Union a donc décidé de s’adresser aux maires des cinq municipalités du Bas-Saguenay pour leur poser cinq questions autour du thème.
Propos recueillis par Cécile Hauchecorne
Quelle vision avez-vous de votre village pour 2030?
Rémi Gagné : Augmenter la population, amener de jeunes familles et travailler en collaboration avec nos municipalités voisines du Bas-Saguenay.
Philôme La France : Ma vision de Petit-Saguenay en 2030 est assez claire : notre village aura pris définitivement un virage pour une plus grande durabilité, avec un écoquartier dynamique, des aménagements publics durables, une vie culturelle diversifiée, des activités de loisirs pour toutes les générations, une école avant-gardiste, une grande variété de producteurs agricoles de spécialité, ainsi que des artisans qui mettent en valeur les ressources naturelles du territoire avec passion et respect.
Hervé Simard : Un village toujours aussi dynamique et vivant. Encore plus de jeunes familles qui s’y sont installées et ont ainsi assuré la pérennité de notre école. Cette dernière continue de donner à nos jeunes un environnement propice à l’apprentissage de par son dynamisme et la créativité de son personnel. Tout en gardant son cachet naturel, notre municipalité aura développé ses activités touristiques permettant aux visiteurs d’apprécier à sa juste valeur notre environnement.
Lucien Martel : L’Anse-Saint-Jean va continuer de jouer un rôle stratégique au plan des services pour L’Anse et les municipalités environnantes. La demande au plan touristique va se poursuivre de façon importante au cours des prochaines années; d’ailleurs, L’Anse-Saint-Jean a connu une croissance rapide au cours des cinq dernières années. Également, la construction domiciliaire en villégiature, particulièrement dans le secteur du Mont-Édouard, se poursuit de façon constante depuis la dernière décennie, elle est toujours très forte en 2020, malgré la COVID 19. L’on peut imaginer qu’elle se poursuivra de façon accélérée dans la prochaine décennie. L’enjeu sera d’accueillir de nouvelles familles afin de combler les emplois disponibles en lien avec cette croissance.
Pierre Deslauriers : Que notre village devienne une ville où tout le monde va vouloir vivre.
Si je vous dis le mot résilience, cela évoque quoi pour vous?
(RG) : Apprendre à vivre avec nos déceptions et nos erreurs et en sortir beaucoup plus fort.
(PLF) : La résilience est pour moi synonyme de la capacité d’un milieu à traverser les épreuves. Petit-Saguenay est déjà un milieu assez résilient grâce à sa diversité économique et son dynamisme communautaire, mais nous avons d’importants défis à relever au niveau démographique. Notre action au cours des prochaines années témoignera de notre capacité collective à assurer notre avenir.
(HS) : La capacité de s’adapter aux nombreux et constants changements auxquels nous devons faire face, d’être capable de faire face à l’adversité, d’aller chercher les aspects positifs de tout évènement.
(LM) : Les citoyennes et citoyens de L’Anse-Saint-Jean se sont toujours relevés de grandes crises avec courage et opportunisme. La création de la coopérative forestière dans les années 50 afin de permettre aux gens de survivre financièrement, l’avènement du Mont-Édouard dans les années 80 qui a permis l’émergence d’une économie récréotouristique alors que l’industrie forestière connaissait une décroissance fulgurante, la reconstruction des infrastructures à la suite du déluge de 1996, pour ne nommer que celles-là. À chacune de ces crises majeures, des changements bénéfiques importants ont permis de solidifier la solidarité des citoyens et de développer des nouvelles opportunités.
(PD) : Si la question est en lien avec la Covid-19, moi je parlerais de discipline.
Quel projet réalisé dans votre communauté vous a donné le plus de fierté, et pourquoi?
(RG) : L’eau potable car nous avons réussi à avoir un réseau après 15 années de travail et sans que cela ne coûte de l’argent aux contribuables, puisqu’il a été financé à 95% par le PRIMEAU et 5% par la TECQ, alors financé à 100%.
(PLF) : Les célébrations du 100e anniversaire de Petit-Saguenay ont été pour moi une grande source de fierté. Avec le spectacle Marguerite, nous avons raconté notre histoire, ce qui a été autant une façon de développer notre propre sentiment d’appartenance qu’une façon de se faire mieux connaitre au reste de la région. La mobilisation qui a permis la préparation de l’ensemble des festivités aura été pour moi un témoignage de la grande force collective des Saguenoises et des Saguenois.
(HS) : Il pourrait y en avoir plusieurs, mais un dont je suis particulièrement fier et qui est très actuel, c’est la création de notre Régie Intermunicipale de Service Incendie du Fjord (RISIF) avec nos amis du Bas-Saguenay. C’est un service concret que nous avons pu nous donner ensemble et qui sécurise la totalité de nos citoyens. Le travail de pompier volontaire en est un très exigeant à plusieurs égards et, le fait d’avoir réussi à le structurer comme nous l’avons fait, m’apparaît comme une réussite enviable par les autres municipalités.
(LM) : L’avancement du dossier d’assainissement des eaux usées dont les travaux débuteront en 2021 en incluant la réfection complète de la rue Saint-Jean-Baptiste sera le projet majeur pour les deux prochaines années à L’Anse-Saint-Jean. Ce projet va permettre de traiter de façon écologique et sécuritaire les eaux usées qui se déversent présentement dans nos plus beaux joyaux, soit la rivière Saint-Jean et le fjord du Saguenay.
(PD) : Tous les achats d’équipements pour la réalisation du déneigement et l’avenir nous prouve que nous avions bien vu, puisque tous les contracteurs ont doublé leur prix pour le déneigement. Les municipalités pensent maintenant à s’équiper pour effectuer le déneigement.
Et parallèlement, quel projet non concrétisé évoque chez vous des regrets, et pourquoi?
(RG) : Le funiculaire allant à la Statue, le camping sur la rue Ste-Thérèse et la fermeture des crèches. Parce que cela nous aurait permis d’amener plus de touristes, donc également plus d’emplois.
(PLF) : Ce que je regrette le plus depuis le début de mon mandat, c’est de n’avoir pas réussi à obtenir le branchement de l’ensemble du territoire habité de Petit-Saguenay à internet haute vitesse. Je comprends que ces dossiers sont complexes et prennent du temps, mais j’aurais aimé que ce soit fait plus rapidement. Nous attendons des annonces du projet préparé par la MRC du Fjord-du-Saguenay pour l’ensemble de la région et j’ai bon espoir que nous atteindrons notre objectif, mais je suis tout de même déçu des délais.
(HS) : C’est un projet qui se réalisera, j’en suis convaincu, mais je suis déçu de la lenteur de sa réalisation. Je parle de notre projet de fibre optique. Annoncés en décembre 2017, les travaux physiques n’ont toujours pas commencé. Il y a tellement de tracasseries administratives et d’incohérences dans les règles gouvernementales que cela alourdit la tâche pour des municipalités de notre taille. Nous ne possédons pas toutes les ressources professionnelles pour gérer de tels dossiers à l’interne, ce qui repousse les échéanciers. Je pense sincèrement que nos gouvernements devraient cesser de promettre que les citoyens seront tous branchés d’ici 2 à 3 ans et prendre eux-mêmes en mains le déploiement de la fibre optique partout sur le territoire, tout comme ça s’est fait pour l’électricité. En 2020, et surtout en période de pandémie et de télétravail, l’accès internet à haute vitesse à des prix abordables est un service de base auquel toutes les régions, y compris celles dites « éloignées », devraient avoir accès afin de nous permettre de nous développer et de faire ce que nous avons toujours fait, contribuer au développement économique et social de notre pays.
(LM) : La promenade des navigateurs, qui constitue un projet intéressant mais dont les moyens et le temps n’ont pas permis de poursuivre sa réalisation.
(PD) : La réfection du chemin du Lac Brébeuf. Elle devrait être réalisée prochainement, mais j’aurais aimé que cela se réalise plus rapidement.
Le livre, le spectacle ou le film, que vous conseillez à vos concitoyens? Pourquoi?
(RG) : Le livre de la municipalité qui sera lancé le 22 octobre prochain et qui raconte l’histoire de Rivière-Éternité et le spectacle La Fabuleuse histoire d’un royaume, car à mes yeux c’est le plus beau spectacle qui raconte l’histoire de notre région et de façon grandiose.
(PLF) : Pour comprendre la crise raciale qui secoue les États-Unis en ce moment, tout le monde devrait écouter l’excellent documentaire I Am Not Your Negro, à partir des écrits et des entrevues de James Baldwin.
(HS) : Un livre que j’ai particulièrement aimé est « La formule de Dieu », de l’écrivain José Rodriguez Dos Santos. Ce livre nous amène à réfléchir sur l’origine de la vie sur terre en s’appuyant sur des faits vérifiés scientifiquement. Pour ma part, les éléments scientifiques cités dans ce livre, particulièrement ceux tirés des études du grand Einstein, m’ont fasciné et m’ont permis de m’initier au mystère des origines de l’univers. Bonne lecture!
(LM) : Je suis quelqu’un qui lit beaucoup, alors j’ai de la difficulté à proposer un livre en particulier à mes concitoyens, mais dernièrement j’ai découvert le très bon livre de Michèle Obama, et « Salut Salut! » de Jean Lapierre. J’aime particulièrement les livres à connotation historique et biographique, mais aussi les émissions scientifiques comme Découverte, Grands reportages, La semaine verte.
(PD) : Le petit livre des grandes épidémies. De la peste noire à la Covid-19, une exploration des grandes épidémies et les actions possibles pour continuer le combat contre leur propagation. Présenté selon le mode de transmission des maladies, il propose, pour chacune d’entre elles, une synthèse concise avec la situation actuelle, une carte, l’histoire des maladies, les chiffres clés, les symptômes, les effets et les traitements.
J’aimerais que les gens soient sensibilisés à la prudence et qu’ils prennent la pandémie au sérieux.