L’efficacité énergétique : Quand l’écologie rime avec économie

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Quand on tape économie d’énergie au Québec sur le moteur de recherche de son ordinateur, une impressionnante liste de programmes de subventions gouvernementales apparaît. On apprend également que près de 20 % de l’énergie utilisée dans la province l’est par le secteur résidentiel. En tant que citoyen, on a donc un rôle important à jouer dans l’amélioration de notre efficacité énergétique.

Avec toutes les nouvelles technologies disponibles et les nombreux programmes de subvention qui offre un retour sur l’investissement souvent très rapide, on est en droit de se demander pourquoi et comment le Québec reste un champion en matière de consommation d’énergie, pour ne pas dire de gaspillage.

On oublie souvent que chacun a un rôle à jouer dans l’amélioration de notre empreinte écologique, que chaque petit geste accumulé peut faire une grande différence sur la facture globale. Et quand on parle de facture, ce n’est pas juste une question de dollars. Il y a des impacts néfastes et durables pour la planète, la qualité de l’eau et de l’air, entre autres, qui ont des effets immédiats et souvent irréversibles sur notre santé.

La levée citoyenne qui aurait aux dernières nouvelles empêché la construction d’un terminal pétrolier à Cacouna démontre que les Québécois sont très sensibles aux enjeux environnementaux. Avec le débat qui a cours sur l’avenir énergétique du Québec, la plupart des intervenants s’entendent pour dire que l’utilisation des énergies fossiles n’est pas souhaitable dans un contexte de changement climatique.

Les municipalités du Bas-Saguenay s’attachent à montrer l’exemple en améliorant la gestion énergétique de leurs bâtiments, mais également, comme à Petit-Saguenay, en favorisant avec des crédits de taxes, les constructions écologiques.

« Petit-Saguenay a adopté, depuis le printemps 2014, un programme d’aide aux entreprises (crédits de taxes) qui ont des projets d’investissement dans notre municipalité. On y a rajouté un volet de certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), qui permet un crédit beaucoup plus généreux »,  précise Philôme La France, directeur au développement pour la municipalité.

LEED est une certification très complète, une attestation prouvant que le bâtiment est éco énergétique, qu’il va avoir une gestion des eaux usées, des déchets, avec récupération des déchets de construction et des matériaux utilisés. Si l’Aréna à Petit Saguenay a été rénovée avec un système d’éco glace, qui refroidit la glace avec la température extérieure, donc qui récupère le froid ambiant, les autres bâtiments institutionnels de la municipalité, dont certains sont encore chauffés au mazout, gagneraient à être plus performants.

« On sait qu’il y a un potentiel pour faire du chauffage institutionnel avec de la biomasse. C’est une ressource moins polluante, économique, renouvelable et locale. En plus, ce serait intéressant pour l’industrie forestière, qui aurait bien besoin d’un projet comme celui-là », conclut Philôme La France.

À Saint-Félix-d’Otis, un comité éco énergétique a été formé en 2013, avec l’arrivée du nouveau conseil municipal. Dès le printemps, ce comité travaillait sur l’éclairage public et les lampes à LED (Light-Emitting Diode). Avec les économies réalisées, 40 nouvelles lumières de rue vont être installées, afin d’assurer une meilleure sécurité.

« On a décidé de faire le tour de tous les bâtiments de la municipalité et on s’est rendu compte que l’on pouvait améliorer le chauffage au garage municipal et au chalet des loisirs», explique Linda Tremblay, conseillère municipale sur le comité éco énergétique.

L’économie d’énergie, c’est l’affaire de tous, d’après Hélène Gagnon, directrice de la municipalité. Aussi, beaucoup d’informations sont à la disposition de la population, permettant de faire des parallèles et de mieux comprendre que les taxes augmentent quand on gaspille.

Dans son nouveau journal municipal, l’Otissien, il va y avoir une chronique de sensibilisation à l’environnement car si, à Saint-Félix-d’Otis, on est déjà très proactif, on est aussi conscient que l’on peut toujours s’améliorer. « Si j’annonce que je vais sauver la planète pour les générations futures, je ne suis pas certaine d’avoir un impact. Mais si j’écris que je vais te faire économiser 400 à 500 $ sur ton compte de taxes, je suis pas mal sûre que je vais rejoindre du monde », explique Hélène Gagnon, qui voit d’ailleurs d’un très bon œil l’installation de dix nouvelles résidences écologiques dans sa municipalité.

Les gens de l’écohameau du Groupe de Recherches Écologiques de La Baie (le GREB) se lance en effet dans un second projet de développement résidentiel. Un plan d’Intégration et d’Implantation Architectural (PIIA) très spécifique a été élaboré à cet effet avec le conseil municipal de Saint-Félix-d’Otis.

Le GREB voulait un PIIA avec une règlementation plus sévère, définissant les constructions avec des normes au niveau de l’efficacité énergétique des maisons, avec l’énergie solaire, de la récupération d’eau, etc. Il y aura également un territoire consacré à la permaculture, une forme de jardinage écologique.

À Rivière-Éternité aussi, l’éclairage public de 78 lampes au sodium haute pression d’une capacité moyenne de 150 watts sera remplacé par des lampes à LED de 95 watts, mais donnant une luminosité équivalente.

À Rivière-Éternité aussi, l’éclairage public de 78 lampes au sodium haute pression d’une capacité moyenne de 150 watts sera remplacé par des lampes à LED de 95 watts, mais donnant une luminosité équivalente. Le contrat a été donné le 15 décembre et les travaux devraient être effectués d’ici la fin du mois février. « Avec les lampes sodium haute pression, le coût moyen de consommation par année était de 7874 $. Une fois les lampes remplacées, le coût moyen par année va être de 4975 $, ce qui donne une économie annuelle d’environ 3000 $ » nous informe Denis Houde, directeur de la municipalité.

En plus, pour l’entretien des lampes au sodium haute pression, la municipalité dépensait au-delà de 4000 $ par année. Avec les  lampes à LED, il n’y aura pas d’entretien puisqu’elles sont garanties 20 ans. Avec un contrat d’installation de 36 300 $, une subvention d’Hydro Québec de 4 680 $, le coût net de la rénovation du système d’éclairage public est de 31 620 $, ce qui donne un retour sur l’investissement d’environ 4 ans. C’est ce que l’on appelle du court terme !

« Hydro Québec nous arrive régulièrement avec des programmes comme ça. Là, c’est l’éclairage extérieur, mais on sait bien que toutes les lumières incandescentes dans les bâtiments sont également appelées à disparaître, pour être changées au LED», poursuit monsieur Houde qui croit que les municipalités ont intérêt à se tenir au courant de tous les programmes d’efficacité énergétique mis à leur disposition.

« D’ailleurs, pour la construction de notre nouvelle caserne de pompiers, qui sera opérationnelle dès le mois de mars, le système d’éclairage et de chauffage a été conçu dans l’optique de maximiser l’efficacité énergétique. On y est allés avec la technologie d’aujourd’hui, c’est évidemment les architectes et ingénieurs qui ont élaboré le concept mais on leur avait donné ce mandat là », termine le directeur de Rivière-Éternité.

Jean-François Houde, nouvel inspecteur municipal à L’Anse-Saint-Jean, est d’ailleurs sur la même longueur d’onde. « On a prévu dès le printemps de faire une étude de l’efficacité énergétique de tous nos bâtiments et ainsi faire le recensement de ce qui est à changer en priorité pour les prochaines années. »

Avec l’hôtel de ville, la nouvelle caserne, La Petite École, le garage municipal, les deux bâtiments de traitements de l’eau, la station du Mont-Édouard et le camping municipal, c’est tout de même une facture d’électricité et de propane qui s’élève annuellement à 228 600 $.

« Concernant La Petite École, dont le chauffage à l’huile coûte pas loin de 20 000 $ par année, le système va être transformé prochainement avec l’ajout d’une bouilloire électrique. On devrait ainsi être en mesure d’économiser 30 % d’énergie », poursuit Jean-François Houde.

Et comme pour les autres municipalités, l’éclairage public va être changé au complet. L’Anse-Saint-Jean étant un village tout en longueur, c’est 134 lumières de rue qui vont ainsi être remplacées. L’investissement sera rentabilisé au bout de trois années.

Lors de la construction de sa maison, Édith Gaudreault n’a pas hésité une seconde : le fait d’y installer un foyer de masse comme système de chauffage semblait même être une évidence.

Si les municipalités font leur part, en tant que citoyen, nous avons également le pouvoir de diminuer notre impact sur la planète, que ce soit dans notre maison ou avec notre travail. C’est d’ailleurs ce que croit Édith Gaudreault, résidente de Petit-Saguenay.

Lors de la construction de sa maison, Édith n’a pas hésité une seconde : le fait d’y installer un foyer de masse comme système de chauffage semblait même être une évidence. « Le foyer de masse, c’est pour être au maximum éco-responsable, mais je voulais aussi être autonome par rapport à Hydro et économe bien sûr. Ma maison, c’est tout de même 3000 pieds2 à chauffer et le premier hiver, alors que le foyer ne fonctionnait pas encore, cela me coûtait 400 à 500 $ par facture d’électricité. Maintenant, cela me prend 14 cordes de bois pour toute l’année », explique celle qui sait que son investissement a déjà été remboursé depuis longtemps.

Du point de vue écologique, un foyer de masse c’est la combustion très vive de la quasi-totalité des gaz, 97%, et des émissions de matières toxiques. Un foyer de style finlandais rejette en une journée de gros hiver l’équivalent de ce que dégage une seule cigarette. « Mon foyer me fournit également en eau chaude domestique, il est aussi connecté au plancher radiant dans la salle de bain qui est situé au nord et a des calorifères qui chauffent le vide sanitaire », poursuit celle qui a également installé une bonne partie de sa fenestration au sud pour profiter de l’énergie solaire qui, dès février, se fait agréablement sentir.

« Le foyer, c’est vraiment l’âme de la maison et il est important d’y penser dès les débuts de la construction car il est plus difficile d’en installer après. Et puis l’air est beaucoup plus sain, il n’est pas sec puisque  c’est une chaleur radiante » précise cette adepte de la construction écologique.

Pour conclure ce dossier sur l’efficacité énergétique, nous sommes allés rencontrer Alexandre Bouchard, nouvel arrivant à L’Anse-Saint-Jean, qui travaille justement dans le domaine.

« À la base, notre firme est spécialisée en mécanique des bâtiments, on fait donc des plans et devis pour la construction de bâtisses commerciales et industrielles. Mais notre spécialité se situe en efficacité énergétique et bâtiments durables. Quiconque veut savoir comment faire des économies d’énergie avec son bâtiment, je vais faire des simulations à l’aide de logiciels et calculer de combien il pourrait diminuer ses coûts », explique ce passionné de l’éco construction.

Alexandre Bouchard est ingénieur et spécialiste en mécanique des bâtiments durables.

« Je suis un ingénieur, je suis donc très pragmatique et quand je vois des façons de faire qui permettent d’économiser de l’énergie, donc de l’argent, et qui ne sont pas encore très développés, je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’il manque pour qu’il y en ait plus. Pour que les choses changent, je pense que cela va prendre des normes plus restrictives et encore plus d’incitations financières, telles que des programmes de subventions à la construction durable», continue Alexandre Bouchard.

En tant que consultant LEED, (Leadership in Energy and Environmental Design), cet ingénieur coordonne également des certifications de bâtiments. La raison majeure de 72% des clients qui décident de certifier leur bâtiment LEED, c’est d’économiser de l’énergie alors que seulement 2% le font pour sauver la planète. L’autre gros pourcentage se trouve au niveau du marketing : c’est de la publicité gratuite que d’être éco-responsable.

Un bâtiment certifié LEED va certainement coûter plus cher à la base, de 1 à 5%, mais si on en fait l’analyse complète, il existe de nombreux programmes de subventions disponibles pour ce genre de bâtiment, avec la Fédération canadienne des municipalités, Hydro Québec ou le ministère du Développement Durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements Climatiques. « Pour une école à Gatineau, où l’on a remplacé le vieux chauffage à l’huile, très dommageable avec ses gaz à effet de serre, pour un système à la biomasse, on a obtenu 75 % de subventions ! », précise monsieur Bouchard. En plus, cela favorise les entreprises forestières de la région, car actuellement la majeure partie de nos granules de biomasse s’en va en Europe.

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, il n’y a que trois bâtiments certifiés LEED, alors qu’il en existe 400 au Québec et 2000 au Canada. Le virage reste donc à prendre, mais maintenant que l’on sait qu’une construction éco-responsable peut économiser jusqu’à 60 % d’énergie et que la dernière étude canadienne faite sur les bâtiments LEED démontrait un retour sur l’investissement avec une moyenne de 8 ans, on se dit qu’il ne devrait pas tarder. Et qui sait, c’est peut-être le village de Petit-Saguenay qui délivrera la première certification dans la région.