L’église Saint-Jean-Baptiste de L’Anse-Saint-Jean célèbre son 125e anniversaire, ce qui en fait une des plus anciennes de la région du Saguenay-Lac-St-Jean. C’est au cours de l’automne 1889, soit du 13 octobre au 23 décembre, que les paroissiens transportent sur les lieux la pierre extraite en grande partie des terres de la fabrique. Ce travail d’extraction et de transport des diverses pierres ne représente pas moins de 1320 voyages.
Pour l’encadrement des fenêtres et les parties décoratives, la pierre provient de la carrière de Sainte-Anne et est extraite et transportée gratuitement par les paroissiens de Sainte-Anne et de L’Anse-Saint-Jean à partir du quai sur la rivière Saguenay. Quarante-six bénévoles font soixante-huit voyages pour transporter cette pierre sur le Fabiola, propriété de Télesphore et Benjamin Boudreault.
Le bois de la charpente et celui nécessaire aux échafaudages proviennent surtout des lots de Benjamin Boudreault, de Pierre Houde et quelque peu des lots de la fabrique. Le sable nécessaire est transporté de la rive de la rivière Saint-Jean jusqu’à l’église. Tout ce travail préparatoire représente 900 journées d’homme et est réalisé gratuitement.
Dès les premiers jours de janvier 1890, des bénévoles visitent les foyers pour recueillir des dons en argent et en journées de travail, nécessaires pour les travaux de construction. Cette souscription rapporte 1269 $.
Les travaux de construction commencent le 16 mai 1890 et s’effectuent selon les mêmes conditions prévalues jusqu’à ce jour, c’est-à-dire gratuitement. Le 5 juin, Monseigneur Bégin est à L’Anse-Saint-Jean pour bénir la pierre angulaire. Cette pierre, marquée d’une croix, se trouve près de la porte principale, côté nord.
Le clocher devient alors un sujet de discussion. L’architecte David Ouellet ne veut pas changer les plans et les dimensions parce que cet ajout coûterait 760 $. Le curé porte la question à l’attention des paroissiens et leur générosité est de nouveau démontrée par une contribution qui s’élève à 710 $. Mais il faut ériger ce clocher et ce n’est pas une mince affaire puisque cette opération requiert des exigences particulières, notamment pour la sécurité notamment. C’est Hugh P. Blair, gérant de la compagnie Price à L’Anse-Saint-Étienne, qui vient à la rescousse des paroissiens en leur fournissant les équipements et instruments appropriés.
La croix au sommet du clocher a été façonnée par deux forgerons locaux, Pierre Gagné et Joseph-Vital Boudreault. En respectant la tradition, cette croix est surmontée du coq gaulois qui, à 112 pieds du sol, indique à ceux qui l’observent, la direction du vent terrestre. Dans le clocher on retrouve trois cloches identifiées au nom de leur donateur. La première, d’un poids de 548 livres, fut donnée par l’honorable Evans John Price de Québec, sénateur pour la division des Laurentides comprenant les comtés du diocèse; la deuxième, de 428 livres, par Patrice Fortin, cultivateur originaire de Saint-Urbain et résident de L’Anse-Saint-Jean; et la troisième, d’un poids de 276 livres, par Joseph Zéphirin Desgagnés, navigateur et résident également de L’Anse-Saint-Jean.
Le 4 décembre 1890, les travaux de la nouvelle église, qui mesure 80 pieds de longueur, 42 pieds de largeur et 24 pieds de hauteur, sont terminés, même si la finition intérieure est remise à plus tard afin de ne pas contracter de dette embarrassante. Le coût de la construction est évalué à 4 989 $, laissant une dette de 600 $ à la municipalité de L’Anse-Saint-Jean. Un an après la construction, les paroissiens n’avaient plus de dette.
C’est à la fête de la Toussaint que la première messe est célébrée dans la nouvelle église. Le premier mariage (Joseph Tremblay et Marie-Élodie Lavoie) est célébré quelques jours plus tard, soit le 4 novembre. Le 6 novembre, eurent lieu les premières funérailles (Joseph Boivin).
Note de l’auteur : ces renseignements historiques proviennent principalement de « L’Anse-Saint-Jean, son histoire, et ses valeureux combats » de Laurent Yves Simard