Témoignage pour les 20 ans du Trait d’union

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Anne-Lise Minier à ses bureaux du CREPAS
Anne-Lise Minier, une des personnes à l'origine de la création du Trait d'union.

En 2004, l’idée de fonder un journal local ne relevait pas seulement d’une nécessité de communication, mais d’une véritable conviction, presque instinctive : celle que nos communautés méritaient un espace pour partager leurs visions, leurs enjeux et faire vivre, aux yeux des habitants-mêmes, et de la population régionale, voire des plus grands médias, les nombreux projets et initiatives qui les animaient, avec beaucoup d’ardeur, sans moyen de les faire rayonner trop souvent.

Grâce au fonds de la Stratégie MigrAction, aussi appelée « entente spécifique visant à influencer positivement le bilan migratoire des jeunes au Saguenay–Lac-Saint-Jean », puis au soutien des municipalités, l’équipe d’agents de développement du Bas-Saguenay a pu rêver ce projet ambitieux de doter le territoire d’un média qui reflétait la réalité et les voix uniques des gens qui y vivaient et développaient ce riche milieu.

Dès les premières réunions, ce qui frappait, c’était l’enthousiasme et la diversité des points de vue autour de la table. Nous n’étions pas des journalistes de métier, mais chacun portait en lui l’envie de construire quelque chose de durable, quelque chose qui allait au-delà de ses propres attentes, avec peu de moyens. Le ton devait être constructif. La diversité de nos communautés devait transparaître. Les collaborateurs devaient être de divers horizons. Il fallait tout inventer, tout structurer, avec les moyens du bord, mais toujours avec cette certitude que Le Trait d’union répondait à un besoin profond de tisser des liens entre les citoyens, de leur « donner à écrire », « de leur donner à voir », leur histoire.

Les premiers numéros, bien que modestes, portaient en eux une voix, une identité pour notre territoire des plus « ennimantes ». La réception de la première édition fut, pour nous tous, un moment fort. Chaque article, chaque chronique reflétait la couleur d’un bénévole, d’un professionnel de la santé, d’un responsable touristique, des jeunes équipes de journalistes que chacune des écoles de nos villages avait formées, de nos défis, de nos réussites.

En 2024, le maintien des médias locaux représente un défi immense. La concentration des grands médias et la montée des réseaux sociaux créent une pression constante sur les petites publications qui luttent pour exister. Couvrir l’actualité de petites communautés demande des ressources et un dévouement que peu de médias sont prêts à investir aujourd’hui. C’est ce qui rend à mes yeux le travail des artisans du Trait d’union si formidable. Ils racontent les histoires que les grands réseaux ignorent, qui préservent la mémoire collective et donnent une voix à la vraie vie. Leur survie repose sur l’engagement de ceux et celles qui y œuvrent et sur la conviction que ces récits, aussi modestes soient-ils, sont essentiels pour le tissu social. Sans les gens, il n’y a pas de nouvelle, aussi grande soit-elle.

Vingt ans plus tard, ce projet a dépassé toutes nos espérances. Le Trait d’union est aujourd’hui bien plus qu’un simple média. Il est le reflet d’une communauté en évolution, un vecteur de notre mémoire collective. Félicitations à tous les artisans qui rendent sa publication possible, numéro après numéro. Je suis émue et honorée de recevoir chacun de ces bijoux, et je vous admire. Je vous admire.

Merci et longue vie au journal Le Trait d’union, à ses artisans et au Bas-Saguenay!