J’habite sur la rue des Côteaux, en allant vers le Mont-Édouard à L’Anse-Saint-Jean. Ce que je sais de l’ancien chemin qui passe en arrière de ma maison, c’est qu’au travers de ses détours, on y rencontrait souvent des ours.
À une autre époque, madame Jacqueline, que j’ai toujours grand plaisir à rencontrer, aurait été ma voisine : « Sur les côtes, où est-ce que vous restez, c’est là que ça tournait, avant d’arriver à la croix. On avait tellement peur, y’avait des ours là, pis c’était noir, y’avait pas d’éclairage comme maintenant. Y’en a même qui se sont frappés en machine*, mais une chance, elles étaient faites avec de la grosse tôle. »
Madame Jacqueline a passé son enfance juste un peu plus loin, là où il y a maintenant une carrière de sable en arrière de la maison. Sur le chemin, elle les voyait passer à cheval, ceux-là qui descendaient de Périgny pour aller à la messe. Des fois, ils s’arrêtaient chez eux, histoire de se réchauffer un peu.
En prenant le temps de l’écouter me raconter le chemin d’antan, des images apparaissent spontanément. Les histoires d’un village qui se transforme à la sueur de ses occupants.
Avec ce numéro d’été, c’est donc à travers l’histoire des chemins que le Trait d’Union désire vous amener. Celle du fjord du Saguenay, le tout premier à avoir été utilisé au sortir de la dernière glaciation. Les découvertes archéologiques, faites notamment à L’Anse-à-la-Croix, racontent une parcelle de la vie des Premières Nations, mais également des premiers contacts avec les européens.
Quant au quai de L’Anse, il nous parle, entre autres, des premiers grimpeurs s’en allant fièrement à la conquête du Cap Trinité. Il y a aussi une belle place de réservée aux ponts couverts, ces trésors patrimoniaux permettant de franchir les rivières, mais également de créer des liens entre les habitants qui s’y retrouvaient parfois autour d’un souper gargantuesque.
Il y a l’homme qui a marché et navigué sur le territoire, suivant la migration des troupeaux afin de survivre. Est arrivé par la suite, avec la colonisation, l’homme qui a modifié le territoire afin d’accéder à toujours plus de ressources.
Mais à travers toutes ces histoires, l’équipe du Trait d’Union veut avant tout vous partager le récit d’une transformation, celle de l’homme et de son territoire. Une histoire passée qui pourrait nous offrir des pistes de solutions face à un présent en transition.
* À l’époque on nommait ainsi les premières automobiles.