Que dire de ces champs qui bordent la route 170. Ouverture partielle dans un paysage forestier, ils créent des brèches pour que l’on puisse admirer les montagnes. Et que dire de ces gens qui les travaillent, ces champs. Du tracteur à la grelinette, voilà ceux et celles qui savent faire fructifier la terre en plein cœur d’une forêt presque boréale. Ces agriculteurs rencontrent de nombreux défis : des saisons raccourcies par rapport au reste du Québec, les aléas de la météo, une mise en marché dans un bassin de population restreint et le contexte de concurrence avec le marché international, la paperasse, et j’en passe! Mais cette charge de travail est proportionnelle à l’amour que ces paysans portent à leurs terres.
Partons à la rencontre de ces agriculteurs et plus particulièrement, nos maraîchers de villages qui enrichissent la biodiversité et la vie des gens d’ici. Et comme le dit si justement Jean-François Gravel de la Ferme d’en Haut, « c’est une expérience assez fantastique, un grand voyage même, que de créer une ferme de A à Z. C’est aussi très impressionnant de voir ce que cela crée dans le milieu. »
Les Jardins de la montagne
Sur le chemin St-Louis, à Petit-Saguenay, Les Jardins de la montagne sont ancrés dans le paysage depuis maintenant 3 générations. Gilles et Anne se considèrent comme de véritables pionniers en matière de maraîchage biologique et diversifié dans la région. Depuis la fin des années 90, ils se consacrent à la merveilleuse tâche de nourrir la population avec 250 paniers bio chaque saison. Cultivant sur une plus grande surface, ils privilégient l’utilisation du tracteur pour la production d’un plus grand nombre de légumes.
Basé sur la formule proposée par Équiterre de l’agriculture soutenue par la communauté (ASC), les citoyens et citoyennes des villages alentours ont ainsi accès à des légumes frais et diversifiés. Pour pallier la difficulté à trouver de la main-d’œuvre qualifiée, Gilles et Anne ont engagé cet été 3 employés dont 2 travailleurs du Mexique pour une deuxième année consécutive.
À la ferme, on retrouve un kiosque libre-service pour les personnes désirant acheter à la pièce et les clients de passage. L’hiver, Anne et Gilles adorent faire du ski de fond. Ce dernier a d’ailleurs participé à la création du centre de ski de fond La Vallée Blanche, une initiative qui a vu le jour cet hiver sur les terres de la ferme. Enfin, depuis cette année, ils participent au projet éducatif Semer le goût d’apprendre avec la classe de 3e cycle de l’école Du Vallon pour permettre aux jeunes de mieux comprendre l’agriculture maraîchère locale.
Les Jardins de Périgny

Sur le rang Périgny de l’Anse-St-Jean se cachent des jardins de Périgny. Sandra, Katherine et Luc cultivent depuis 2014, des produits frais qu’ils fournissent aux épiceries locales. Malgré le défi que cela engendre, ils sont certifiés biologique par Québec Vrai puisqu’ils veulent s’assurer d’offrir une qualité de produit pour les consommateurs.
Pour l’instant, ils ne font pas de paniers, ni de kiosque à la ferme. Katherine et Sandra étant enseignantes à temps plein à l’école Fréchette, elles ne peuvent soutenir Luc dans les projets et une rotation de culture adéquate et une quantité suffisante de produits. Toutefois, Les jardins de Périgny, est un véritable écosystème d’entre-aide : « Beaucoup de voisins et de gens qui ont des talents insoupçonnés viennent aider: des gens capables de travailler le bois, des gens qui inventent des machines… Au chemin Périgny, on le dit souvent, on est béni! » exprime Katherine. En plus de la famille, des amis venus de loin et de la ville.
« Ce qui nous démarquent, ce sont nos carottes! » explique Katherine. Populaires et reconnus auprès des gens du village, elles sont exigeantes à entretenir par l’équipe qui le font « par amour ». Depuis récemment, ils ont développé l’ail biologique, et toutes sortes de tomates dans leur toute nouvelle serre. Les Jardins de Périgny souhaitent continuer de développer leur diversité de produits au fil des ans : « on aimerait faire des melons dans les prochaines années. » soutient Katherine.
Pour goûter à leurs produits frais, rien ne sert d’aller très loin. Ils fournissent principalement les épiceries Marché Tradition et Richelieu Amyro de L’Anse-St-Jean. Ils développent aussi un partenariat avec l’épicerie Le Garde-Manger à Chicoutimi.
La Ferme d’en Haut
Perchée sur les Plateaux à L’Anse-St-Jean, la Ferme d’en Haut est installée en plein cœur de la communauté Anjeannoise. Depuis maintenant 8 ans, la ferme se démarque par la plus grande diversité d’aliments produits ! Porc, veau, poulet de grains, œufs, légumes et petits fruits font partie de leur éventail de production. Ils vendent même des produits transformés pour mettre en valeur leurs récoltes (herbes salées, kimchi, pesto, etc.). Cette grande diversité comporte nécessairement des défis au niveau de la variété des tâches à accomplir en équipe. Comme l’explique Jean-François Gravel, l’imprévisibilité de tous les éléments de la chaîne de fonctionnement de la ferme est l’un des plus grands enjeux : même quand tout va bien, on ne peut jamais être sûr de rien. Cette année, ils expérimenteront l’abattage des poulets directement à la ferme. Profondément locale, la Ferme d’en haut distribue ses produits à 100% entre l’Anse-Saint-Jean et Petit-Saguenay.
On les retrouve également dans les restaurants du coin (voir texte page) et il est possible d’acheter de leurs produits en tout temps grâce à leur deux kiosques libre-service à l’entrée des Plateaux et sur le parking du Camp de Base.
Même l’hiver, entre deux sorties de ski, la Ferme propose des paniers d’hiver pour compléter le cycle des saisons. On peut également avoir accès à leurs produits toute l’année au Magasin de la Chasse-Pinte!
Que ce soit en auto-cueillette de petits fruits, pour désherber, pour acheter des légumes ou pour venir voir les animaux, la Ferme d’en haut est toujours prête à vous recevoir. Elle vient d’ailleurs au printemps d’accueillir une classe de 4e année de l’école Fréchette.
Les Paysans du Fjord

Depuis maintenant 5 ans, Les Paysans du Fjord ne cessent d’innover, de se réinventer et de rêver. « Ce qui nous démarque, c’est vraiment notre lien avec les restaurateurs de la région », explique Jérôme Côté-Allard, l’un des fondateurs de la ferme. En effet, la moitié des produits cultivés sur le vieux chemin à Saint-Félix sont livrés à des restaurants, et se rendent même jusqu’à Québec ! La ferme se veut la plus diversifiée possible : on y trouve un troupeau de porcs en forêt, des poulets de grains sous « chicken tractor » (cage mobile sur gazon frais), des poules pondeuses, des champignons et des légumes de toutes les formes et toutes les couleurs. L’ensemble de l’œuvre se fait à la main, sans machineries, pour faire honneur aux paysans d’autrefois.
Mais ce qui démarque le plus cette jeune exploitation agricole, c’est le volet agro-touristique. Les paysans proposent maintenant des tables champêtres tous les dimanches de l’été avec des chefs invités différents à chaque fois et cuisinant les produits de saison disponibles du moment. Des menus uniques ! Par contre cette année, la ferme prend une pause des « cantines paysannes » afin de bonifier ses partenariats avec les restaurateurs.
Pour encore plus de partenariat, ils font partie eux aussi du projet éducatif Semer le goût d’apprendre avec la classe de maternelle de l’école St-Félix.
La ferme rencontre également des défis similaires aux autres. Pour les Paysans, c’est surtout les agents « externes à la ferme » qui constituent les défis, et principalement par rapport aux animaux mentionne Jérôme.
Enfin, les Paysans du Fjord, c’est un accès privilégié et une vue imprenable sur le fjord. Jérôme, Alex, Florence et Kevin sont toujours prêts à vous accueillir pour la saison !
Pour vous procurer leurs produits, un kiosque libre-service est situé directement à la ferme.
Cultiver le changement
Nous avons de la chance ici, au Bas-Saguenay d’avoir ces fermes dans notre paysage. Dans le contexte actuel, rien ne sert de réitérer l’importance de ces jardins nourriciers pour nos communautés. Je vous invite, cet été, de prendre le temps d’aller les rencontrer, de jaser en désherbant une planche ou simplement de visiter leurs kiosques libre-services pour goûter les saveurs locales de notre région. Consommer local, c’est aussi ça, cultiver le changement.