Le Mont-Édouard a le vent dans les voiles, notamment dans le développement des entraînements et des courses de haut niveau ! Alors, comment expliquer que la famille Lanoue, famille de skieurs de compétition, se soit expatriée dans la région de Québec ? Le Trait d’union a enquêté et a rencontré Jean-François Lanoue, le père, pour en savoir plus.
Qui sont les frères Lanoue?
Natifs de L’Anse St-Jean, ils ont fréquenté l’école Fréchette au primaire. Les frères Lanoue ont chaussé les planches, dès le plus jeune âge, sur les pentes du Mont-Édouard. Pendant plusieurs années, ils ont représenté fièrement la montagne et son club de compétition sur le circuit de ski alpin de la région du Saguenay Lac-Saint-Jean en se hissant régulièrement sur la 1ère marche du podium dans leur catégorie respective. Mais depuis deux ans, les frères Lanoue, Jèkim, 16 ans, et Benédict, 13 ans, skient au sein de la région de Québec.
Après avoir concouru pour l’équipe du Relais, dirigée par Sunny Verreault, native de région du Saguenay-Lac-St-Jean, référence canadienne en enseignement du ski alpin, ils fréquenteront cette année l’académie de ski de l’école secondaire du Mont Sainte-Anne et le programme de ski-étude.
T-U. : Jean-François, on se souvient de ton implication à l’école Fréchette, au Mont-Édouard, notamment lors de la coupe du monde de Télémark en 2005 et de ton partenariat avec Pierre Lavoie, pour obtenir de l’équipement de ski qui est d’ailleurs encore disponible et accessible aux jeunes du Bas-Saguenay. Mais qu’est-ce qui vous a poussé à quitter L’Anse?
JFL : En fait nous sommes toujours résidents de L’Anse-Saint-Jean, mais il y a trois ans nous en sommes venus à la conclusion que si nous voulions donner la chance aux garçons de pouvoir poursuivre leur progression en ski alpin, il fallait plus d’encadrement. Mais soyez assuré, le monde du ski alpin de la région de Québec sait que les Lanoue sont les fiers produits du Mont Édouard!
Pourtant le Mont-Édouard développe grandement le volet compétition ?
Arrivés dans la catégorie U14 (12 et 13 ans) et U16 (14 et 15 ans) les jeunes performant ont besoin d’entraîneurs hautement qualifiés, des entraîneurs de métier et des programmes bien ficelés qui permettent de poursuivre un entraînement de qualité et des suivis spécifiques. Malheureusement, au Saguenay cette prémisse manque encore. Dans tout le Saguenay Lac-Saint-Jean, il n’y a qu’un seul entraîneur qualifié au niveau Performance, Pier-Luc Lemieux, l’entraîneur chef du Mont-Édouard et responsable du Ski-étude à Jonquière. Au Mont Sainte-Anne seulement, on compte 5 entraineurs de ce niveau, sans compter que l’entraîneur en chef a déjà été entraîneur au niveau de la coupe du monde. Ici, Pier-Luc Lemieux a comme rôle principal, d’encadrer les autres entraîneurs tandis qu’au Mont Sainte-Anne, les entraîneurs de métier peuvent se concentrer sur le développement des athlètes.
La deuxième raison, c’est le défi de la compétition. En 2017, Jèkim et sa compatriote Justine Laberge de Jonquière, sont devenus les premiers skieurs de la région en 6 ans à faire partie de l’équipe du Québec des moins de 14 ans et à participer à la Can-Am, compétition qui regroupe les meilleurs skieurs des maritimes, du Québec, de l’Ontario et du Nord-Est des États-Unis. Or l’année suivante, Jèkim montait dans la catégorie U16 et chez les garçons, dans tout le Saguenay-Lac-St-Jean, il ne restait que 4 coureurs dans cette catégorie… Au même moment à Québec, il y avait 42 garçons à chaque départ, dont celui qui allait devenir le meilleur slalomeur au Canada cette année-là, Louis Latulipe.
Comment Jèkim se classe dans la région de Québec maintenant ?
Les garçons performent très bien. L’an dernier Jèkim a gagné toutes les courses de Slalom de la région Skibec, il a culminé avec une 5e place au Critérium provincial U16 et a de nouveau fait partie de l’équipe du Québec pour participer à la CanAm, cette fois des U16.
Et pour Benédict ?
Benédict a cumulé les victoires en 2018 chez les U12 et a fini 1er de la catégorie pour la saison. L’hiver dernier, il fut le seul garçon de 12 ans de la région de Québec à se classer pour participer aux Jeux du Québec. Au terme des jeux du Québec, il a terminé 3e, chez les garçons nés en 2006 !
On sait qu’il est très difficile d’accompagner de jeunes athlètes vers les hautes sphères et plus particulièrement en ski alpin, comment arrivez-vous à financer tout ça ?
C’est difficile en effet. À partir de la catégorie U16, il faut évaluer à 25 000$ les frais annuels par athlète pour demeurer compétitif. À deux ça fait donc 50 000 $ annuellement. Nous n’avons pas tout cet argent ! Les garçons ont leur propre programme de support pour l’équipement, que nous payons à prix moindre, mais nous devons user d’imagination et faire des campagnes de financement. Cette année, nous venons de démarrer une OBNL dans le but de nous aider dans la quête de support financier, mais aussi, nous aimerions via ce vecteur, pouvoir aider d’autres jeunes coureurs à pouvoir poursuivre leur rêve.
Si j’ai bien compris, vous organisez un souper bénéfice prochainement ?
En effet, la direction du mont Édouard accepte de nous supporter en nous permettant de tenir un deuxième souper bénéfice, le 23 novembre. Cette année nous avons la chance d’avoir Pierre Lavoie comme invité d’honneur. Nous savons que Pierre a à cœur le développement du Mont-Édouard et la pratique du sport chez les jeunes, il viendra nous entretenir sur la persévérance, la passion, les obstacles et nous partagera sa vision de la compétition. Pierre est très conscient que pendant que le Mont-Édouard acquiert ses lettres de noblesse dans le monde de la course en ski alpin, nous sommes en train de développer, avec Jèkim et Benédict les premiers coureurs alpins de l’histoire de L’Anse Saint-Jean.