L’histoire des écoles de Rivière-Éternité

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Les sœurs fondatrices de Rivière-Éternité, Sœur Élie-Marie et Sœur Marie-du-Calvaire en 1951

Rappelons d’abord que le village de Rivière-Éternité a accueilli les premiers colons en 1933, leur famille un an plus tard. La première classe sera donnée dans la chapelle de la paroisse le 9 octobre de la même année. Cette dernière servait de chapelle et d’école à la fois. Le bâtiment est toujours existant mais a été transformé en garage et est actuellement la propriété de Jacques Gagné.

Comble de malheurs, le 26 mai 1935, le feu a tout détruit : les camps en bois rond où logeaient les familles, les étables et les animaux, les meubles, tout, oui tout n’était que cendre et poussière, mais… le feu n’a pas détruit le courage et la détermination de ces 40 jeunes familles en provenance de L’Anse Saint-Jean. Ils ont rebâti maisons et étables, ont labouré la terre, semé le grain puisque le feu avait défriché et c’est avec plus de certitude, d’espoir et d’énergie qu’ils ont recommencé.

Les religieuses du Bon-Conseil sont arrivées 15 ans après la reconstruction et les premières se souviennent qu’il n’y avait aucun arbre dans la montagne du village, seulement quelques repousses de conifères et de feuillus aux alentours. Les colons avaient structuré leur lieu de résidence autour des points d’eau et en 15 ans, ils avaient déjà rebâti la chapelle et la salle paroissiale; deux lieux d’ailleurs qui leur servaient d’école. Ils ont construit une autre école dans ce qu’on appelait à l’époque le rang St-Antoine, sur la route s’en allant vers Saint-Félix-d’Otis.

Mais ces colons faisaient des petits et les salles de classe étaient pleines. En 1948, le ministère de l’Éducation a décidé de bâtir au village une première école digne de ce nom. Une école qui comptait trois classes, de l’eau chaude, des toilettes et des lavabos; tout un luxe ! Mais toujours pas d’électricité.

Le couvent de Rivière-Éternité en 1951

Imaginez le courage et l’abnégation de ces religieuses qui quittaient Chicoutimi, ville électrifiée, pour venir faire du service en pleine campagne dans nos montagnes. Les adultes de mon âge se rappellent le cantique que Sœur Élie-Marie avait entonné et qu’avec joie et admiration nous avions chanté quand les lumières de nos classes se sont allumées. C’était à la fin de novembre 1951. Nous avions l’électricité ! 

Cette même année, il a fallu agrandir l’école pour y aménager quatre classes et un logement pour les quatre religieuses. Sœur St-Amédée a même ajouté une classe de 10e année, avant que l’on construise la polyvalente Fréchette à L’Anse-Saint-Jean. L’encadrement rigide de ces sœurs a fait de nous des femmes et des hommes responsables, capables de prendre la relève et de transmettre aux autres générations notre savoir. Ainsi nous sommes devenus une communauté confiante en nos moyens, respectueuse, vaillante, généreuse et extrêmement vivante.