Lorraine Minier partage sa vie entre ses deux amours : le bord du lac Otis et les rives de La Baie. Elle me raconte son parcours atypique. Après des études en Art vestimentaire au Collège Marie-Victorin à Montréal, elle aura un atelier de couture à Chicoutimi. « Mais attention, dit-elle avec humour, des créations uniques, des confections sur mesure… Je voulais pas faire de réparations. Même si les bas de culottes, ça aurait fait vivre l’artiste ! »
Après 5 ans, elle ferme boutique et entre à la bibliothèque de La Baie. Elle y travaillera pendant 32 ans. Femme de public, elle s’y sentait bien et dans sa mission de responsable des développements technologiques, sa formation en art lui aura été utile. Lorsqu’elle prend sa retraite en 2019, Lorraine remet son chapeau de designer pour créer des œuvres de bois flotté.
« Je partais avec mes sacs IKÉA et je marchais jusqu’à la Console. En revenant, c’était plein. À la maison ou au chalet, j’examinais chaque bout de bois. Le matériau induisait le produit. J’y voyais une sculpture, un voilier, des visages. »
Inspirée par ces matériaux, elle réalise plusieurs grandes œuvres. Sculptures abstraites, ses bois de grève captent l’imaginaire. « Mais, étaient un peu encombrantes, me confie Lorraine. » Et c’est son désir de créer des œuvres plus compactes qui l’a amenée vers la création de tableaux, parfois dans un cadre, parfois sortant du cadre, toujours réalisés à partir de ses trouvailles. C’était une période faste pour la création se dit Lorraine qui me montre un Cabinet de curiosité tout en blanc rempli d’objets détournés ramenés de ses promenades des grèves. Elle prend plaisir à assembler, à inventer, à peindre des paysages, des personnages naïfs comme des portraits photo de bois humoristiques.
L’artisane crée également de petites œuvres sur bois flottés (magnets, porte-clés) peints et gravés à la main. L’idée lui était venue lors de ses voyages. Elle cherchait souvent de petits cadeaux à rapporter, réalisant que tout était fait en chine et en série, « j’ai eu l’idée de fabriquer des petites œuvres, faites ici, que j’aimerais rapporter dans mes bagages comme souvenirs si j’étais un touriste. Alors, ma ramasse a changé… maintenant, c’est le produit qui induisait le matériau. »
Fabriquer un petit objet emblématique, pas cher, solide, 100 % Saguenay lui tient à cœur. Gilles, son mari, qui la voit travailler de longues heures avec ses couteaux de pyrogravure lui suggère alors une association. « C’est un bonheur comme couple de travailler ensemble en création et en partenariat, c’est un ciment ! Mon conjoint est débrouillard et créatif. Son support technique est indispensable, c’est lui qui a eu l’idée du laser numérique qui permet de standardiser le design et m’épargne le côté pyrogravure fastidieux », conclut Lorraine.
Techniciens et artisans, sous le nom de MILO, les deux complices s’amusent à inventer de nouveaux designs, leurs produits fétiches sont des aimants de frigo, des boules de Noël, des porte-clés sur bois. À juste titre, MILO peut être fier des produits offerts, vendus comme cadeaux 100 % saguenéens à petits prix au Magasin Général et au site de la Nouvelle-France.