Son caractère, lui, n’a pas pris une ride !
Marguerite Lavoie est née le 8 août 1923 au bassin à Chicoutimi, le quartier de la fameuse petite maison blanche. « Quand j’ai monté à Saint-Félix, je devais avoir 7 ans ! Au début ben on a trouvé ça dur un peu, on était accoutumé sau bassin. Ben craire, des petits enfants avec des bottes de rubber, j’avais jamais vu ça ! »
La mère de Marguerite, Marie Savard avait passé son enfance sur une ferme, à Jonquière. « Elle avait un beau jardin, elle aimait les animaux mais moi j’ai jamais voulu tirer une vache, j’ai jamais gardé ! Non, non, non ça moi, c’était pas ma sorte. Chez nous, l’étable j’ai jamais été, j’ai jamais voulu y aller. Jamais ! »
Delphis Lavoie, son père était originaire de L’Anse-Saint-Jean. « On n’a jamais su où ils s’étaient rencontrés, on n’a pas osé demander ! » Les parents de Marguerite ont eu 10 enfants ensemble, 6 garçons et 4 filles !
« Ma mère elle aimait mieux que je travaille au métier, que j’apprenne à tisser, à tricoter, ces affaires-là. C’est juste là que j’ai travaillé, rien qu’à la maison chez nous ! Je sais plus combien de temps j’suis allée à l’école, mais après ça j’ai commencé à aller à l’église, à monter dans les champs. »
À Saint-Félix-d’Otis, la famille de Marguerite habitait sur le Rang-Trois, le chemin en arrière de l’église, derrière le petit cimetière, celui qui s’en va vers le lac Brébeuf. En 1930, c’était les débuts de la colonisation, le gouvernement donnait des lots à ceux qui voulaient s’installer.
Marguerite et Jean-Marie
La famille de Jean-Marie Minier restait au lac à Goth, pas si loin de la maison où Marguerite a grandi mais c’est pourtant à Rivière-Éternité que ces deux-là se sont rencontrés. « On allait danser à Rivière-Éternité, on avait tous nos amis par là nous autres ! Pis y’avait une madame, c’était une veuve, elle disait : du moment que les gars prennent pas de boisson pour faire de la broue, venez chez nous ! Elle avait deux filles, pis elle voulait pas que ses petites filles sortent. On arrivait à 2, 3 chars, on veillait là, toute notre gang ! »
« Je me suis mariée dans la vieille église le 8 août 1943, le jour de ma fête des 20 ans. Mon mari en avait 22. À ce moment-là, on restait au lac à Goth, chez mon beau-père Esdras Minier. Avec sa femme Marie-Jeanne Simard, il avait eu 21 enfants, mais elle est décédée en 1945 en accouchant de son dernier. » Les jeunes mariés se sont assez vite acheté une maison pas trop loin de là, maison qu’ils ont finalement donnée au beau-père qui venait de perdre la sienne dans un incendie.
« C’est là qu’on est retournés vivre en ville, à Port Alfred. Mon mari il travaillait au port de mer mais il aimait pas ça, vivre en ville. » Un certain monsieur Bouchard de St-Félix avait des contacts au Eternity Game and Fish Club, comme on l’appelait à l’époque, il parle à Jean-Marie d’un travail de gardien. À ce moment-là, le gouvernement donnait des territoires énormes à des particuliers. (434 km2 et 25 lacs!), un territoire privé qui appartenait aux américains.
« Monter là, moi j’étais pas mal virée de bord ! Partir de la ville pas sûre ! », se rappelle Marguerite qui de son côté s’accoutume très bien au bruit des rues de Port-Alfred !
Ils sont tout de même descendus à Saint-Félix, ils avaient une maison au village dans le détour après l’église et le club leur fournissait un chalet au bord du lac Brébeuf. À ce moment-là, Marguerite et Jean-Marie ont déjà une grosse famille de 8 enfants, les 2 derniers feront leurs premiers pas au bord du lac. « On avait une maison au village, que j’avais faite réparer par celui qui nous l’a vendue, mais on ne demeurait pas là, on restait toute la famille au Lac Brébeuf. Yvan, mon plus vieux, avait 9 ans quand on est revenus vivre à St-Félix. »
L’Eternity Game and Fish Club.
En 1954, Jean-Marie Minier est donc devenu l’un des deux gardiens du Club privé, il surveillait le territoire pour la chasse et la pêche, entretenait les chalets. Il y est resté durant 33 années. « Autour du lac, sur le grand lac Brébeuf, il y avait 8 chalets, dont celui de la Compagnie Price, celui du juge André Taschereau de Québec, et après ça, c’était toutes des américains. La plupart, ils avaient aussi une maison à Pointe au Pic à la Malbaie, les Cabott, Les Sloane, Bancroft. », se rappelle encore Marguerite. « J’étais pas bonne du poisson, j’en mangeais pas mais pêcher oui ! La petite pêcheuse elle était là ! J’ai pêché en masse, le monde me connaissait ! »
William Price a fait bâtir un premier chalet qui a brûlé. Par la suite, un de ses petits-fils en a fait construire un autre, dont Marguerite est l’actuelle propriétaire. « Le dernier président de la Compagnie Price, un monsieur McLaren, c’était toujours mon mari qui le guidait pis il lui avait dit : quand je vais mourir, tu vas avoir le chalet. Le monsieur est parti vivre à Ottawa, mais un jour le téléphone sonne ! Est-ce que vous acceptez le camp pour 1 $ ! »
Quand son mari a pris sa retraite, ils sont retournés vivre dans leur maison au village mais il y a toujours le chalet au Lac Brébeuf ! C’est devenu le chalet où chaque début juillet, la famille se retrouve autour de Marguerite. Cet été, c’était lors de la fin de semaine quand l’eau est tombée si fort dans la région. « Ça tombait tellement, on voyait plus le ponton en avant ! »
Présidente de l’âge d’Or !
C’est à la retraite de son mari que Marguerite commence sa nouvelle carrière, celle de bénévole dans la paroisse ! « Alors je suis rentrée dans l’Âge d’Or, j’y suis restée 11 ans en tant que présidente ! On en a fait des affaires, des voyages, toute sorte de choses. J’ai aussi été élue marguillier à l’église. »
Pour terminer, madame Marguerite, vous auriez votre meilleur souvenir de vos 100 années de vie à nous partager ! « Non ! Moi des meilleurs souvenirs, j’en ai plein … Je regrette rien ! »