Le parc marin du Saguenay−Saint-Laurent est fréquenté par une douzaine d’espèces de mammifères marins. Parmi celles-ci, seuls le béluga et le phoque commun y résident à longueur d’année. Depuis les années 90, Parcs Canada a intégré les phoques communs du fjord du Saguenay à son programme de surveillance. Étant sensible aux perturbations pouvant survenir dans son habitat, cette espèce est un bon indicateur de l’état de santé des écosystèmes. Encore aujourd’hui, cette population fait l’objet de suivis réalisés en collaboration avec l’équipe de la Sépaq du parc national du Fjord-du-Saguenay.
Bien que le phoque commun de l’est du Canada ne soit pas en péril, plusieurs menaces pèsent sur l’espèce et sa situation est préoccupante. Celui-ci vit à proximité des côtes et il est donc très exposé aux activités humaines. Les empêtrements dans des engins de pêche, le braconnage, le dérangement et les contaminants sont parmi les facteurs d’origine humaine pouvant avoir un impact sur l’espèce.
Les échoueries
Les parois rocheuses du fjord sont propices pour les échoueries, ces lieux où les phoques se regroupent hors de l’eau pour se reposer entre les périodes de recherche de nourriture. Ces moments de repos sont essentiels, tant pour les adultes que pour les chiots qui doivent conserver leur énergie pour leur croissance. C’est aussi sur les échoueries que les phoques muent, se reproduisent, mettent bas et prennent soin des chiots. Ces étapes cruciales de leur cycle de vie ont lieu l’été, en même temps que la haute saison récréotouristique. C’est donc au moment où ils ont le plus besoin de tranquillité que les phoques communs sont les plus susceptibles d’être dérangés par des embarcations.
Étant donné son poids, il est très exigeant pour un phoque de se hisser hors de l’eau. Il attend généralement la marée descendante pour s’installer sur les rochers. Lorsqu’une embarcation s’approche et cause un effet de surprise, cela peut précipiter sa mise à l’eau et il est probable qu’il n’arrive pas à remonter sur les rochers avant la prochaine marée basse. Ce dérangement peut interférer avec l’établissement du lien mère-chiot et entraîner la séparation ou l’abandon du chiot. À long terme, trop de dérangement peut occasionner l’abandon de l’échouerie.
Mieux connaître pour mieux protéger

La population de phoques communs du fjord est suivie par les équipes de Parcs Canada et de la Sépaq afin de mesurer son abondance, de caractériser et de localiser les échoueries et de suivre l’évolution de celles-ci. L’inventaire se déroule dans toute la portion du fjord incluse dans le parc marin. À bord de zodiacs, les chercheurs longent les rives à une distance d’environ 200 mètres et ils notent la présence de phoques, leur nombre et leur position GPS.
Pendant plusieurs années, les phoques communs occupaient comme principales échoueries deux sites à proximité des caps Éternité et Fraternité. Dernièrement, les chercheurs ont constaté un dispersement des échoueries et un déplacement vers l’aval du fjord. L’abandon d’une échouerie peut être le signe d’un dérangement potentiel. Devant cette situation préoccupante, Parcs Canada et la Sépaq sensibilisent les usagers afin qu’ils demeurent attentifs à la présence de phoques sur les berges et qu’ils évitent de s’en approcher. Le nombre et le type d’embarcation, la vitesse, la distance, le bruit ou l’angle d’approche peuvent influencer la réaction des animaux. Par exemple, l’approche lente et silencieuse d’un kayak peut ressembler à celle d’un prédateur et prendre les animaux par surprise.
Les connaissances obtenues grâce au suivi des phoques communs sont essentielles pour la mise en place de mesures de conservation adaptées. Parcs Canada a identifié les principaux sites d’échouerie comme étant des « zones de préservation intégrale ». C’est-à-dire des secteurs qui doivent être évités par les embarcations, car ils sont des habitats essentiels aux espèces sensibles au dérangement.
Pour plus d’information sur les mesures de protection au parc marin, visitez le parcmarin.qc.ca.