Semer la beez beez et cueillette du garde-manger boréal

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C’est avec ouverture et générosité que Lucie Harvey et Réjean Fortin m’ont laissé entrer dans leur havre de paix. Une rencontre avec des gens de passion. Suite à la fermeture de l’usine de pâtes et papier de Port-Alfred entrainant la perte de leur emploi, Lucie et Réjean ont dû réorienter leur carrière.

Elle comme infirmière et lui comme biologiste. Une passion commune les habite, la préservation de l’environnement et sa biodiversité. L’idée d’acheter une petite ferme avait fait son chemin et c’est à Saint-Félix d’Otis qu’ils en ont fait l’acquisition. Ce rêve d’acquérir un petit domaine se concrétise à proximité de la nature. C’est donc avec l’idée des pratiques écoresponsables et le désir de concevoir des produits locaux et biologiques qu’ils amorcent leur projet. Construction d’une serre pour les herbes et semences, agriculture biologique pour les légumes, et aussi l’élevage d’abeilles.

 

Lucie est passionnée par l’apiculture. Comprendre le mode de vie des abeilles est primordial. Leur rôle au niveau de la pollinisation et de notre alimentation est vital. Elle observe leurs habitudes, comment elles se nourrissent ou survivent aux variations de notre climat boréal. Elles sont vaillantes, chacune connait son rôle dans la colonie. Nous faisons partie d’un tout. Les abeilles font partie de la biodiversité et notre survie en dépend, elles sont notre avenir. Elles se nourrissent de différentes fleurs variant avec l’avancement de la saison. Les premières fleurs sont souvent les pissenlits d’où l’importance de les préserver. Toute une séquence de floraison permet la vie ou la survie des abeilles, des bourdons, et autres insectes volants, sans oublier les papillons. Et c’est finalement en septembre que l’on recueillera le produit des ruches. Semer la beez beez est le nom poétique donné à la production de leur miel.

Des inquiétudes ou des préoccupations, ils en ont. Réjean parle de la biodiversité en déclin. La tonte rapide des gazons, l’aversion pour les pissenlits. « Faut cesser de faire l’autruche sur les pesticides, notre survie en dépend. Il faut changer notre vision. »

On discute alors de cueillette boréale, de produits forestibles, un terme désignant l’ensemble des produits comestibles sauvages. Nos forêts regorgent de richesses telles le thé des bois, thé du labrador, poivre des dunes, ail des ours, petits fruits. On parle de champignons : chaga, morilles, chanterelles, bolets, pieds de moutons. La cueillette doit toujours de se faire de manière écoresponsable, laissant place à la régénérescence et la survie de l’espèce, car certaines espèces sont vulnérables à la cueillette.

Les changements climatiques et la biodiversité questionnent. Le climat de notre forêt boréale se caractérise par de longs hivers froids et secs. Avec le réchauffement, il y aura forcément modifications de la flore et migrations de certaines espèces vers des régions plus nordiques.

Le défi est de taille. Sensibilisation, conscientisation, éducation me viennent à l’esprit. Souhaitons plus de Lucie et de Réjean pour que la planète se porte mieux.