Un positionnement clair pour retrouver de nouveaux repères.   

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Ici au Saguenay, notre situation géographique nous oblige à nous démarquer par une pulsion créatrice enracinée dans nos besoins socio-économiques.  Le 27 Janvier 2023, le programme en Éco-Conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi a organisé le colloque :  L’ART comme médiateur de la transition sociale et écologique : éveiller, émerveiller et confronter les consciences.

Plusieurs invités chevronnés ont discuté de notre pouvoir d’agir par les arts afin de contribuer à la transition écologique. Je vous partage le fruit des jasettes vers un changement de paradigme, porteur d’espoir pour le développement de l’éco-tourisme concerté, au Bas-Saguenay.

Je cite quelques éléments des discussions d’Annie Perron (artiste visuel et graphiste) et d’Olivier Coté Brodeur, (scientifique et conteur), sur le dialogue suscité par des œuvres d’art qui deviennent « des leviers » vers un futur éco-responsable.  J’ai aussi rencontré Jacques Blanchet, de la Maison du Développement Durable (MDD).

Une image vaut 1000 mots et je dirai même plus : « une image peut guérir mille maux ».

L’image agît sur le cerveau comme un langage. Ce langage devient accessible, voyageant sur le fil du neurotransmetteur, qui envoie un message au cerveau. Une image surprenante augmente la portée du message.

  1. L’image vulgarise telle une traduction visuelle du concept scientifique et écologique. L’image aide à comprendre.
  2. Un impact positif est créé par le graphisme sur la compréhension du concept par l’humain. L’art ciblé bouscule et son but conscient est de favoriser l’acte de réfléchir et le changement vers la transition écologique.
  3. La création visuelle et sensorielle a la puissance de motiver un changement.
  4. La transition écologique permet une structuration qui change les pratiques vers un tourisme régénératif.

Annie Perron explique que le design amène une autre forme de compréhension en traduisant le langage plus complexe des recherches scientifiques. Cela crée un pont pour mieux comprendre. Ce pont visuel explique les concepts au commun des mortels.

La graphiste recherche l’esprit de synthèse dans la création d’images. Ce processus qu’elle nomme « synthé-plification » augmente la puissance de la transmission du message écologique.

Selon Olivier Coté-Brodeur, « le chercheur a besoin de faire appel à plus que la raison. L’intellectuel n’est pas suffisant pour toucher les gens. » Il initie à travers ses contes « une interaction ludique où les sens sont éveillés ». Cela amène à ouvrir l’espace du cœur.  Dans cet espace, ce qu’on aime favorise la circulation de l’information vers le cerveau et cette transmission fluide permet aux nouvelles idées de germer et de s’épanouir par cet échange dynamique.

Le conteur soutient que « l’imaginaire permet de connecter différentes intelligences. » Il affirme que le lien est enrichi par le ressenti et développe le dialogue. Il parle d’allier les concepts avec ce qui nous touche pour « demeurer lucide dans la relation » avec les défis écologiques.

De ces énoncés de pratique, il n’y a qu’un pas pour plaider que le tourisme est une occasion de créer un lien de cœur qui perdurera avec la communauté accueillant le visiteur.

Rencontre avec Jacques Blanchet

Jacques Blanchet est directeur des partenariats et du développement à la MDD.

Le tourisme régénératif s’assure que le secteur touristique est non seulement durable, mais réellement bénéfique; c’est régénérer la vie d’un écosystème local. Le touriste, avec son pouvoir d’achat peut faire une différence positive.

Deuxièmement, il peut contribuer par le partage de ses compétences personnelles.  Voilà pourquoi une planification qui tient compte des besoins de chacun s’avère essentielle et développe une économie circulaire.

À l’image de D’Artagnan : tous pour un et un pour tous.

Selon Jacques Blanchet, l’important est de définir l’intention et ensuite d’orienter les actions de chacun vers cet objectif. Ce but commun pour la population des villages et les entreprises, génère plus de retombées écologiques et économiques.

Dans notre région, il existe déjà un positionnement vers la santé par l’activité physique et le bien-être grâce au paysage naturel. Comment améliorer l’expérience de cette valeur à travers les actions de chacun? Si chaque acteur touristique développe son produit en fonction de la cible commune d’une meilleure santé personnelle et écologique, nous serons plus forts et attractifs.

Acheter c’est choisir.

Il est aussi important d’informer le consommateur sur les choix qu’il peut faire pour contribuer en argent au bien-être de la communauté.  Le voyageur sera informé à l’avance, qu’il peut acheter son épicerie ici, avec des aliments de qualité et des fermes biologiques. Connaître aussi les artisans et les entrepreneurs géniaux, les massothérapeutes et lieux de détente variés, cela contribue à l’objectif du prendre soin. C’est possible tout en valorisant les randonnées et sports variés.

Le conférencier partage aussi cet exemple : « Comment favoriser la transition éco-énergétique en ayant un partenaire de locations de voitures électriques de Montréal?  Quels pourcentages monétaires peuvent être redonnés à la communauté par ce partenariat? » De notre coté, il faut s’assurer du nombre de bornes de recharge pour répondre aux besoins. Les partenariats sont organisés pour être gagnants et équitables.

Enfin, ce dernier affirme que l’alternative appelée « slow Tourisme » crée des avantages. Le touriste voyage à moins de reprises, mais demeure plus longtemps.

Comment imager le slogan « Vivre », pour expliciter les avantages de demeurer plus longtemps ?

Selon Jacques Blanchet, « depuis 2020, dans son quotidien, le voyageur subit une pression effrénée. Dans ce contexte, le concept du bien-être mérite plusieurs démonstrations visuelles. Mettre en valeur les activités contemplatives permet aux villages d’exposer un positionnement clair, qui répond aux besoins de lâcher prise pour retrouver de nouveaux repères. Ici tu as la possibilité de Ne Pas avoir un horaire chargé, c’est toi qui décides. Les activités que tu vas faire, tu vas les aimer. »  Vivre l’expérience va te permettre un réel ressourcement.

Dans cette perspective, une offre variée qui fait valoir la qualité de vie et le potentiel de ralentir, tout en étant actif à d’autres moments, est attrayante.  « Il n’y a pas besoin de créer plus d’activités mais de les organiser et de les structurer vers l’intention du bien-être. » Pour diffuser l’information, plusieurs moyens ciblent les bienfaits et informent le touriste de nos possibilités. Le visiteur choisit, dans le panier, les fruits de notre planification, selon ses besoins.

Une planification touristique concertée, en suivant les étapes du changement vers le tourisme régénératif produit des bénéfices, lorsque tous convergent vers la même intention. Un réseau d’entrepreneurs, conscients de cette démarche et qui y adhèrent par le renforcement des capacités et une documentation des constats positifs, génère un enthousiasme. La coopérative Bras du Nord, à Saint Raymond de Portneuf, a réussi ce pari avec une approche structurante.

Jacques Blanchet énonce ce principe : « Qu’est-ce que le touriste peut apporter comme compétence et comment contribuera-t-il lors de son passage ? »  Un journaliste peut-il écrire un article dans une revue européenne?  Un diététiste peut-il améliorer le menu ? Un horloger peut-il mettre les montres à l’heure d’une nouvelle façon de voir la collaboration dans nos villages!

Nous sommes déjà en route, revoir la planification et structurer le développement touristique main dans la main, pour le bien-être commun, crée une synergie d’abondance. La transition écologique a besoin de coups de pouce enthousiastes.