La beurrerie de Petit-Saguenay

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Un vieux bâtiment qui faisait office de beurerie dans les années 50
Difficile actuellement de croire que cet endroit connaissait une activité intense puisque en 1996, le terrain ainsi que ce qui restait de la maison, furent emportés et détruits par les flots du déluge.

Les années passent et les villages se transforment. Mais saviez-vous que de 1956  à 1972, le village de Petit-Saguenay avait sa beurrerie ? Pierre Côté,  qui produisait du fromage depuis 1948, vend son permis au gouvernement en 1956 et ouvre la même année une beurrerie coopérative. Depuis l’invention de la centrifugeuse en 1879, plusieurs fermes séparaient la crème du lait. La fabrication familiale du beurre ne permettant pas d’écouler la crème, une beurrerie devenait nécessaire.

Les cultivateurs, unis en coopérative, construisent la beurrerie dans la coulée      juste après le cimetière de Petit-Saguenay, de l’autre côté du ruisseau. Difficile actuellement de croire que cet endroit  connaissait une activité intense puisque en 1996, le terrain ainsi que ce qui restait de la maison, furent emportés et détruits par les flots du déluge.

Rencontre avec Jacinthe Houde et Gilles Gagnon.

Retournons en 1956. Après la traite, les fermiers amènent la crème séparée du lait par centrifugeuse. Le criard de la beurrerie se faisait alors entendre pour appeler les employés. Gilles Gagnon précise : « C’était pas tout le monde qui avait des montres ! Ce criard-là, inventé par un patenteux du village, fonctionnait à la steam sous pression. Et je vous jure que ceux qui l’ont entendu s’en souviennent ! »

Le barattage demandait de l’attention et du savoir-faire. Quand c’était prêt, le beurre était versé en une motte géante sur un chariot et le petit beurre coulait vers le ruisseau. « D’où l’appellation ruisseau au petit-beurre donné par les anciens. » La motte de beurre géante était déposée sur une table et les beurriers s’employaient à la micher, c’est-à-dire qu’ils utilisaient un moule en bois, la miche, pour réaliser les livres de beurre emballées à la main et réunies dans des caisses à queues d’arondes (aujourd’hui objets de collection).

Le laitier distribuait localement et dans les villages avoisinants le beurre frais. Il y avait aussi la vente de beurre non miché en caisse pour la laiterie de La Baie. La livre de beurre se vendait 57 cents dans les années 60.

Au Bas-Saguenay, chaque village avait sa fromagerie, (parfois deux !) mais il n’y avait qu’une seule beurrerie. Rendons hommage aux maîtres beurriers qui ont œuvré à Petit-Saguenay : Joseph Houde, Benoit Minier, Claude Gingras, Robert Duclos et Régis Côté.